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marchands qu’ils étaient, n’étaient pas plus inspirés. Ils ne comprenaient que d’une façon incomplète ce que leur enseignait Ninive. Salomon, à son tour, lorsqu’il voulait bâtir son temple, faisant venir de Tyr architectes, sculpteurs et brodeurs, n’obtenait pas le dernier mot des talents de son époque. Il est vraisemblable que, dans les magnificences qui éblouirent si fort Jérusalem, l’œil d’un homme de goût venu de Ninive, n’aurait démêlé qu’une copie faite de seconde main des belles choses qu’il avait contemplées en original dans les grandes métropoles mésopotamiques, où l’Occident, l’Orient, l’Inde et la Chine même, au dire d’Isaïe (1)[1], envoyaient, sans se lasser, tout ce qu’il y avait de plus accompli dans tous les genres.

Rien de plus simple. Les petits peuples dont je parle en ce moment étaient des Sémites trop chamitisés pour jouer un autre rôle que celui de satellites dans un système de culture qui d’ailleurs, étant celui de leur race, leur convenait et n’avait besoin pour leur sembler parfait que de subir des modifications locales. Ce furent précisément ces modifications locales qui, réduisant les splendeurs ninivites au degré voulu par des nations obscures et pauvres, créait l’amoindrissement de la civilisation. Transporté à Babylone, le Phénicien, l’Hébreu, l’Arabe, s’y mettaient aisément de pair avec le reste des populations, sauf peut-être les Sémites du nord les plus récemment arrivés, et devenaient habiles à secouer les liens que leur imposait la médiocrité de leurs milieux nationaux ; mais c’était là de l’imitation, rien de plus. En ces groupes fractionnaires ne résidait pas l’excellence du type (2)[2].

Je ne quitterai pas les Israélites sans avoir touché quelques mots de certaines tribus qui vécurent longtemps parmi eux, dans les districts situés ou nord du Jourdain. Cette population mystérieuse paraît n’avoir été autre que les débris restés purs de quelques-unes des familles mélaniennes, de ces noirs jadis seuls maîtres de l’Asie antérieure avant la venue des Chamites blancs. La description que les livres saints nous font de ces



(1) Isaïe, XLIX, 12. Lassen, Indische Alterthumskunde, t. I, p. 857.

(2) Movers, Das Phœnizische Alterthum, t. II, 1re partie, p. 302.

  1. (1) Isaïe, XLIX, 12. Lassen, Indische Alterthumskunde, t. I, p. 857.
  2. (2) Movers, Das Phœnizische Alterthum, t. II, 1re partie, p. 302.