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par l’éloignement excessif dans lequel elle semble vouloir se reporter et cacher les origines de la nation égyptienne (1)[1]. Après tant de siècles de recherches et d’efforts, on n’a pu réussir à s’entendre encore sur la chronologie des rois, sur la composition des dynasties, et encore bien moins sur les synchronismes qui unissent les faits arrivés dans la vallée du Nil aux événements accomplis ailleurs. Ce coin des annales humaines n’a jamais cessé d’être un des terrains les plus mouvants, les plus variables de la science, et à chaque instant une découverte ou seulement une théorie le déplace. Il n’y a pas à choisir ici entre les opinions brillantes de M. le chevalier Bunsen et l’allure plus modeste de sir Gardiner Wilkinson. Je me garderais de vouloir exclure les unes pour me confier uniquement à l’autre. Il se peut que la publication de la dernière partie, encore inconnue, de l’Ægyptens Stelle in der Welt Geschichte, élève les assertions du savant diplomate prussien à la hauteur d’une démonstration irréfragable. En attendant ce grand résultat, et malgré la tendance que je pourrais avoir à adopter avec empressement une doctrine qui se relie si bien aux opinions de ce livre, le plus prudent est, sans nul doute, de s’en tenir, pour le principal, à la manière de voir de l’auteur anglais.

Suivant ce dernier, il faudrait placer le moment le plus éclatant de la civilisation, des arts et de la puissance militaire de l’Égypte, à l’époque strictement historique entre le règne d’Osirtasen, roi de la 18e dynastie, et celui du Diospolite de la 19e, Rhamsès III, le Mi-A-Moun des monuments, c’est-à-dire entre l’année 1740 et l’année 1355 avant J.-C. (2)[2]. Toutefois,



(1) M. Lepsius, d’accord avec M. Bunsen, s’exprime ainsi au sujet de la chronologie égyptienne : « Lorsqu’il s’agit des monuments, des sculptures et des inscriptions de la 5e dynastie, nous sommes transportés à une époque de florissante civilisation qui a devancé l’ère chrétienne de quatre mille ans. On ne saurait trop se rappeler à soi-même et redite aux autres cette date jusqu’ici jugée si incroyable. Plus la critique sera sollicitée sur ce point et obligée à des recherches de plus en plus sévères, mieux cela vaudra pour la question. » (Briefe aus Ægypten, etc., p. 36.)

(2) Il s’agit ici de la période postérieure à l’expulsion des Hyksos, et

  1. (1) M. Lepsius, d’accord avec M. Bunsen, s’exprime ainsi au sujet de la chronologie égyptienne : « Lorsqu’il s’agit des monuments, des sculptures et des inscriptions de la 5e dynastie, nous sommes transportés à une époque de florissante civilisation qui a devancé l’ère chrétienne de quatre mille ans. On ne saurait trop se rappeler à soi-même et redite aux autres cette date jusqu’ici jugée si incroyable. Plus la critique sera sollicitée sur ce point et obligée à des recherches de plus en plus sévères, mieux cela vaudra pour la question. » (Briefe aus Ægypten, etc., p. 36.)
  2. (2) Il s’agit ici de la période postérieure à l’expulsion des Hyksos, et que l’on appelle le nouvel empire. L’âge des pyramides est plus reculé, comme on le verra ailleurs. M. Champollion-Figeac place à l’année 2200 avant J.-C. l’avènement de la 12e dynastie. (Égypte ancienne, Paris, 1840.)