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boucles de métal se balancent aux oreilles, et la tête est chargée de plumes d’autruche. Bien que cette magnificence barbare ne fût pas conforme au goût égyptien, elle en tenait, et l’imitation se fait sentir dans toutes les parties importantes du costume, telles que la tunique et la ceinture. La peau de léopard était empruntée d’ailleurs aux nègres par plusieurs hiérophantes.

La nature du tribut n’indique pas un peuple avancé. Ce sont des produits bruts, pour la plupart, des animaux rares, du bétail, et surtout des esclaves. Les troupes fournies aussi comme auxiliaires n’avaient pas l’organisation savante des corps égyptiens ou sémites, et combattaient irrégulièrement. Rien donc, à ce moment, n’indiquait un grand développement, même dans la simple imitation de ce que les vainqueurs, les maîtres, pratiquaient le plus communément.

Il faut descendre jusqu’à une époque plus basse pour trouver, avec plus de raffinement, la cause ethnique des innovations à laquelle j’ai déjà fait allusion.

Au temps de Psammatik (664 avant J.-C.), ce prince, le premier d’une dynastie saïte, la 26e de Manéthon, ayant mécontenté l’armée nationale par son goût pour les mercenaires ioniens-grecs et cariens-sémites, une grande émigration militaire eut lieu vers l’Abyssinie, et 240.000 soldats, abandonnant femmes et enfants, s’enfoncèrent dans le sud pour ne plus en revenir (1)[1]. C’est de là que date l’ère brillante de l’Abyssinie et nous pouvons maintenant parler de monuments dans cette région, où l’on en chercherait vainement d’antérieurs qui aient été vraiment nationaux (2)[2].

Deux cent quarante mille chefs de famille égyptiens, appartenant à la caste militaire, fort mélangés, sans doute, de sang noir, et, probablement, ayant reçu un certain apport de race blanche par les intermédiaires chamites et sémites, un tel groupe venant s’ajouter à ce que l’Abyssinie possédait déjà



(1) Hérodote, II, 30.

(2) Suivant M. Lepsius, les dynasties chassées par les Hyksos se réfugièrent sur la limite de l’Éthiopie et y ont laissé quelques monuments. (Briefe aus Ægypten, etc., p. 267.)

  1. (1) Hérodote, II, 30.
  2. (2) Suivant M. Lepsius, les dynasties chassées par les Hyksos se réfugièrent sur la limite de l’Éthiopie et y ont laissé quelques monuments. (Briefe aus Ægypten, etc., p. 267.)