Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/426

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chez les familles sémitiques, on a vu plus à plein l’antique simplicité des croyances et l’importance souveraine qui leur était attribuée chez les Arians réunis dans leur première station avant l’exode des Hellènes. À ce moment le culte était simple. Il semblerait que tout, dans l’organisation sociale, fût tourné vers le côté pratique et jugé de ce point de vue. Ainsi, de même que le chef de la communauté, le juge du grand village, le viç-pati n’était qu’un magistrat électif entouré, pour tout prestige, du renom que lui donnaient sa bravoure, sa sagesse et le nombre de ses serviteurs et de ses troupeaux ; de même que les guerriers, pères de famille, ne voyaient dans leurs filles que des aides utiles au labeur pastoral, chargées du soin de traire les chamelles, les vaches et les chèvres, et ne leur donnaient pas d’autre nom que celui de leur emploi ; ainsi, encore, s’ils honoraient les nécessités du culte, ils n’imaginaient pas que les fonctions dussent en être remplies par des personnages spéciaux, et chacun était son propre pontife, et se jugeait les mains assez pures, le front assez haut, le cœur assez noble, l’intelligence assez éclairée, pour s’adresser sans intermédiaire à la majesté des dieux immortels (1)[1].

Mais soit que, dans la période qui s’écoula entre le départ des Grecs et l’occupation du Pendjab, la famille ariane, s’étant trouvée en long contact avec les nations aborigènes, eût déjà perdu de sa pureté et compliqué son essence physique et morale de l’adjonction d’une pensée et d’un sang étrangers ; soit que les modifications survenues ne fussent que le développement naturel du génie progressif des Arians, toujours est-il que les anciennes notions sur la nature du pontificat se modifièrent insensiblement, et qu’un moment vint où les guerriers ne se crurent plus le droit ni la science de vaquer aux fonctions sacerdotales : des prêtres furent institués.

Ces nouveaux guides des consciences devinrent sur-le-champ les conseillers des rois et les modérateurs des peuples. On les appelait purohitas. La simplicité du culte s’altéra entre

  1. (1) Lassen, Indisch. Alterth., t. I, p. 795.