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correspondantes de la nation hindoue. On est donc en droit de supposer que, dans leurs commencements, les Chamites ont eu aussi une période comparable à celle de la caste brahmanique à ses débuts. Pour les Sémites, dont on découvre mieux le principe, un tel rapprochement ne laisse rien à désirer. Ainsi toutes les expériences envisagées jusqu’ici donnent ce résultat identique : le mélange avec l’espèce noire, lorsqu’il est léger, développe l’intelligence chez la race blanche, en tant qu’il la tourne vers l’imagination, la rend plus artiste, lui prête des ailes plus vastes ; en même temps, il désarme sa raison, diminue l’intensité de ses facultés pratiques, porte un coup irrémédiable à son activité et à sa force physique, et enlève aussi, presque toujours, au groupe issu de cet hymen le pouvoir et le droit, sinon de briller beaucoup plus que l’espèce blanche et de penser plus profondément, du moins de lutter avec elle de patience, de fermeté et de sagacité. Je conclus que les brahmanes, s’étant engagés, avant la formation des castes, dans quelques mélanges mélaniens, étaient ainsi préparés pour la défaite, quand viendrait le jour de lutter avec des races demeurées plus blanches.

Ces réserves faites, si l’on consent à ne plus envisager les nations hindoues qu’en elles-mêmes, l’admiration pour les législateurs doit être sans réserve. En face des castes normales et des populations décastées qui les entourent, ils paraissent vraiment sublimes. Il ne sera que trop facile de reconnaître plus tard combien, avec le cours des temps et la perversion inévitable des types sans cesse grandissant malgré tous les efforts, les brahmanes ont dégénéré ; mais jamais les voyageurs, les administrateurs anglais, les érudits qui ont consacré leurs veilles à l’étude de la grande péninsule asiatique, n’ont hésité à reconnaître que, au sein de la société hindoue, la caste des brahmanes conserve une supériorité imperturbable sur tout ce qui vit autour d’elle. Aujourd’hui, souillée par les alliages qui faisaient tant d’horreur à ses premiers pères, elle montre cependant, au milieu de son peuple, un degré de pureté physique dont rien n’approche. C’est chez elle que l’on retrouve encore le goût de l’étude, la vénération des monuments