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d’impureté et leur contact compromettait gravement la civilisation brahmanique.

Comme on les reçut fort mal (ils ne s’attendaient pas, sans doute, à un autre accueil), une guerre s’engagea, qui eut pour théâtre tout le nord, le sud, l’est de la péninsule jusqu’à Videha et Viçala, et pour acteurs toutes les populations, tant arianes qu’aborigènes (1)[1]. La querelle fut d’autant plus longue que les envahisseurs avaient des alliés naturels dans beaucoup de nations arianes de l’Himalaya, hostiles au régime brahmanique. Ils en trouvaient dans plusieurs peuples métis, plus intéressés encore à le repousser, et, s’il était possible, à l’abattre : conquérants et pillards, les pillards de toute couleur devenaient leurs amis (2)[2].

L’intérêt incline évidemment du côté des Kouravas, qui défendaient la civilisation. Pourtant, après bien du temps et des peines, après avoir longtemps repoussé leurs antagonistes, les Kouravas finirent par succomber. Le Pendjab et de vastes contrées aux alentours restèrent acquis aux envahisseurs plus blancs, et, par conséquent, plus énergiques que les nations brahmaniques, et la civilisation hindoue, forcée de céder, s’enfonça davantage dans le sud-est. Mais elle était tenace en raison de l’immobilité de ses races. Elle n’eut qu’à attendre, et sa revanche sur les descendants des Pandavas fut éclatante. Ceux-ci, vivant libres de toute restriction sacrée, se mêlèrent rapidement aux indigènes. Leur mérite ethnique se dégrada. Les brahmanes reprirent le dessus. Ils enlacèrent les fils dégénérés de Pandou dans leur sphère d’action, leur imposèrent idées et dogmes, et, les forçant de s’organiser sur les modèles donnés par eux, couronnèrent la victoire en leur fournissant une caste sacerdotale qui ne fut pas triée parmi ce qu’il y avait de mieux. Aussi remarque-t-on, dans le Kachemyr, que les



(1) Lassen, ouvr. cité, t. I, p. 713.

(2) Ibid., p. 689. — Les Pandavas paraissent avoir dû surtout leur victoire à des renforts venus des régions septentrionales, tels que les Kulindas, établis à l’est vers les sources du Gange. Le Mahabharata les considère comme une race pure, mais très en dehors de la culture hindoue.


  1. (1) Lassen, ouvr. cité, t. I, p. 713.
  2. (2) Ibid., p. 689. — Les Pandavas paraissent avoir dû surtout leur victoire à des renforts venus des régions septentrionales, tels que les Kulindas, établis à l’est vers les sources du Gange. Le Mahabharata les considère comme une race pure, mais très en dehors de la culture hindoue.