Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/565

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oppose la civilisation blanche, contrainte, avant d’avoir pu surmonter l’obstacle, de se partager en deux branches et d’inonder l’Europe et l’Asie orientale, en se coulant le long de la mer Glaciale, de la mer du Japon et des plages de la Chine. Mais il n’est pas possible de supposer, à voir quelles masses effrayantes se pressaient, au second siècle avant J.-C., dans le nord de la Mongolie actuelle, que ces multitudes aient pris naissance et continuassent à se former uniquement dans les misérables territoires des Tongouses, des Ostiaks, des Yakouts, et dans la presqu’île du Kamtschatka.

Tout indique, en conséquence, que le siège originaire de cette race se trouve sur le continent américain. J’en déduis les faits suivants :

Les peuples blancs, isolés d’abord, à la suite des catastrophes cosmiques, de leurs congénères des deux autres espèces, et ne connaissant ni les hordes jaunes ni les tribus noires, n’eurent pas lieu de supposer qu’il existât d’autres hommes qu’eux. Cette manière de juger, loin d’être ébranlée par le premier aspect des Finnois et des nègres, s’en confirma au contraire. Les blancs ne purent s’imaginer voir des êtres égaux à eux dans ces créatures qui, par une hostilité méchante, une laideur hideuse, une inintelligence brutale et le titre de fils de singes qu’elles revendiquaient, semblaient se repousser d’elles-mêmes au rang des animaux. Plus tard, quand vinrent les conflits, la race d’élite flétrit les deux groupes inférieurs, surtout les peuplades noires, de ce nom de barbares, qui resta comme le témoignage éternel d’un juste mépris.

Mais à côté de cette vérité se trouve encore celle-ci, que la race jaune, assaillante et victorieuse, tombant précisément au milieu des nations blanches, devint semblable à un fleuve qui traverse et détruit des gisements aurifères : il charge son limon de paillettes, et s’enrichit lui-même. Voilà pourquoi la race jaune apparaît si souvent, dans l’histoire, à demi civilisée et relativement civilisable, importante au moins comme instrument de destruction, tandis que l’espèce noire, plus isolée de tout contact avec la famille illustre, reste plongée dans une inertie profonde.