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s’occupaient, beaucoup plus ordinairement, de faire pâturer leurs bœufs et leurs immenses troupeaux de porcs dans les vastes clairières des forêts de chênes qui couvraient le pays. Ils étaient sans rivaux dans la préparation des viandes fumées et salées. Ils donnaient à leurs jambons un degré d’excellence qui rendit célèbre, au loin et jusqu’en Grèce, cet article de commerce (1)[1]. Longtemps avant l’intervention des Romains, ils débitaient dans la péninsule italique, aussi bien que sur les marchés de Marseille, et leurs étoffes de laine, et leurs toiles de lin, et leurs cuivres, dont ils avaient inventé l’étamage. À ces différents produits ils joignaient la vente du sel, des esclaves, des eunuques, des chiens dressés pour la chasse ; ils étaient passés maîtres dans la charronnerie de toute espèce, chars de guerre, de luxe et de voyage (2)[2]. En un mot, les Kymris, comme je le faisais remarquer tout à l’heure, aussi avides marchands, pour le moins, que soldats intrépides, se classent, sans difficulté, dans le sein des peuples utilitaires, autrement dit, des nations mâles. On ne saurait les assigner à une autre catégorie. Supérieurs aux Ibères, militairement parlant, voués comme eux et plus qu’eux aux travaux lucratifs, ils ne semblent pas les avoir dépassés en besoins intellectuels. Leur luxe était surtout d’une nature positive : de belles armes, de bons habits, de beaux chevaux. Ils poussaient d’ailleurs ce dernier goût jusqu’à la passion, et faisaient venir à grands frais des coursiers de prix des pays d’outre-mer (3)[3].

Ils paraissent cependant avoir possédé une littérature. Puisqu’ils avaient des bardes, ils avaient des chants. Ces chants exposaient l’ensemble des connaissances acquises par leur race, et conservaient les traditions cosmogoniques, théologiques, historiques.

La critique moderne n’a pas à la disposition de ses études des compositions écrites remontant à la véritable époque nationale. Toutefois il est, dans le fonds commun des richesses



(1) Strabon, IV, 3.

(2) M. Amédée Thierry, Hist. des Gaulois, Introduct.

(3) Cæs., de Bello Gall., IV, 2.

  1. (1) Strabon, IV, 3.
  2. (2) M. Amédée Thierry, Hist. des Gaulois, Introduct.
  3. (3) Cæs., de Bello Gall., IV, 2.