Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/17

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vance pour le souverain pouvoir. Le nord de la Grèce fournit toujours au midi ses soldats les meilleurs, les plus intrépides, les plus nombreux, et longtemps après que le reste du pays était étouffé sous l’élément sémitique, il s’entretenait encore dans cette région des pépinières de hardis combattants. D’autre part, il faut l’avouer, les habitants de ces contrées, si habiles à se battre, à commander, à organiser, à gouverner, ne le furent jamais à briller dans les travaux spéculatifs. Chez eux, pas d’artistes, pas de sculpteurs, de peintres, d’orateurs, de poètes, ni d’historiens célèbres. C’est tout ce que put faire le génie lyrique que de remonter du sud jusqu’à Thèbes pour y produire Pindare. Il n’alla pas au delà, parce que la race ne s’y prêtait pas, et Pindare lui-même fut une grande exception dans la Béotie. On sait ce qu’Athènes pensait de l’esprit cadméen, qui, pour n’avoir pas la langue déliée, ni la pensée fleurie, n’en suscitait pas moins des soldats mercenaires à toute l’Asie et, à l’occasion, un grand homme d’État à la patrie hellénique. Le sang de la Grèce septentrionale avait à Thèbes sa frontière [1].

Le nord fut donc toujours distingué par les instincts militaires et même grossiers de ses citoyens, et par leur génie pratique, double caractère dû incontestablement à un hymen de l’essence blanche ariane avec des principes jaunes. Il en résultait de grandes aptitudes utilitaires et peu d’imagination sensuelle. Nous apercevons ainsi, dans les parties de l’Europe les plus anciennement au pouvoir des Hellènes, l’antithèse

  1. Thèbes remplissait parfaitement l’emploi de limite entre deux races. Elle affichait sa double origine en racontant sur sa fondation deux légendes : l’une ariane, qui attribuait le fait à Amphion et à Zéthus ; l’autre sémitique, et par laquelle le Chananéen Cadmus était son premier roi. (Grote, History of Greece, t. I, p. 350.) — Ce sont ces mélanges de traditions asiatiques, helléniques-arianes et aborigènes qui ont rendu longtemps l’histoire primitive et la mythologie grecques presque incompréhensibles. Les époques savantes ont augmenté le désordre par la manie du symbolisme, de l’allégorie, et par les évhémérismes de toute espèce. Puis sont venus les modernes, qui, en généralisant les notions, ont réussi à les rendre absurdes au dernier chef.