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près des sources aborigènes (1)[1]. En d’autres termes, l’osque, comme le latin, tel que nous l’offrent la plupart des monuments, est d’un temps où les mélanges ethniques avaient exercé une grande influence et développé des corruptions considérables, tandis que, les circonstances géographiques ayant permis à l’umbrique de recevoir moins d’éléments grecs et étrusques, ce dernier langage s’était tenu plus près de son origine et avait mieux conservé sa pureté. Il mérite, en conséquence, d’être pris comme prototype, lorsqu’il s’agit de juger dans leur essence les dialectes italiotes.

Nous avons donc bien conquis ce point capital : les populations aborigènes de l’Italie, sauf les exceptions admises, se rattachent fondamentalement aux Umbres ; et quant aux Umbres, ce sont, ainsi que leur nom l’indique, des émissions de la souche kymrique, peut-être modifiées d’une manière locale par la mesure de l’infusion finnique reçue dans leur sein.

Il est difficile de demander à l’umbrique même une confirmation de ce fait. Ce qui en reste est trop peu de chose, et jusqu’ici, ce qu’on en a déchiffré offre sans doute des racines appartenant au groupe des idiomes de la race blanche, mais défigurées par une influence qui n’a pas encore été déterminée dans ses véritables caractères. Adressons-nous donc d’abord aux noms de lieux, puis à la seule langue italiote qui nous soit pleinement accessible, c’est le latin.

Pour ce qui est des noms de lieux, l’étymologie du mot Italie est naturellement offerte par le celtique talamh, tellus, la terre par excellence, Saturnia tellus, Œnotria tellus (2)[2].

Deux peuplades umbriques, les Euganéens et les Taurisques, portent des noms purement celtiques (3)[3]. Les deux



(1) Mommsen, ouvr. cité, p. 206. — C’est pourquoi il ajoute aussi que le Volsque avait de plus grands rapports avec l’umbrique que l’osque (p. 322).

(2) Dieffenbach, Celtica II, 1re Abth., p. 114.

(3) Euganéens, d’aguen, eau ; c’étaient les riverains des lacs de Lugano, Como et Garda. Les Taurisques, comme les Taurini, tirent leur nom de tor, montagne. Niebuhr, pour établir un lien intime entre les Rhétiens et les Rasènes, incline à faire des Euganéens des Étrusques.

  1. (1) Mommsen, ouvr. cité, p. 206. — C’est pourquoi il ajoute aussi que le Volsque avait de plus grands rapports avec l’umbrique que l’osque (p. 322).
  2. (2) Dieffenbach, Celtica II, 1re Abth., p. 114.
  3. (3) Euganéens, d’aguen, eau ; c’étaient les riverains des lacs de Lugano, Como et Garda. Les Taurisques, comme les Taurini, tirent leur nom de tor, montagne. Niebuhr, pour établir un lien intime entre les Rhétiens et les Rasènes, incline à faire des Euganéens des Étrusques. Mais il n’exprime cette idée que timidement et comme entraîné par le besoin de sa cause. (Rœmische Geschichte, t. I, p. 70.)