Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/22

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révolutions de toutes sortes ont commencé. Puis, lorsque, mettant pied à terre, la Muse parle enfin de sang-froid et dans des termes que la raison peut discuter, elle nous montre les nations grecques composées à peu près ainsi :

1° Des Hellènes — Arians modifiés par les principes jaunes, mais avec grande prépondérance de l’essence blanche et quelques affinités sémitiques ;
2° Des aborigènes — Populations slavo-celtiques saturées d’éléments jaunes ;
3° Des Thraces — Arians mêlés de Celtes et de Slaves ;
4° Des Phéniciens — Chamites noirs ;
5° Des Arabes et des Hébreux — Sémites très mêlés ;
6° Des Philistins — Sémites peut-être plus purs ;
7° Des Libyens — Chamites presque noirs ;
8° Des Crétois et autres insulaires — Sémites assez semblables aux Philistins.

Ce tableau a besoin d’être commenté (1)[1]. Il ne contient pas, à proprement parler, un seul élément pur. Sur sept, six renferment, à différents degrés, des principes mélaniens ; deux



(1) Je suis de l’avis de Grote (Hist. of Greece, t. II, p. 350 et passim) : je ne crois pas aux Pélasges, en tant que formant une race ou une nation distincte, et le mot signifie trop bien anciens habitants, pour que je lui retire ce sens vague et lui en prête un plus spécial. On rencontre les Pélasges en tant d’endroits et pourvus de caractères si différents, qu’il me semble impossible de leur attribuer une nationalité unique. (Voir, à ce sujet, Grote, t. II, p. 349.) — Pott exprime son sentiment d’une façon qui mérite d’être reproduite ici : « Les Pélasges, dit-il, sont, quoi qu’on fasse, une simple fumée et dénués de toute réalité historique, aussi bien que les Casci c’est-à-dire les anciens, les ancêtres et les aborigènes, c’est-à-dire habitants primitifs. Le nom de Pélasges a été pris à tort pour une appellation de peuple et de race. Il ne s’applique que chronologiquement aux premiers âges de la Grèce et aux tribus qui habitaient alors ce pays, sans distinction d’origine. Si, plus tard, on a cru trouver encore çà et là des peuplades qu’on a jugées propres à revêtir cette désignation de Pélasges, c’est par un rapprochement tout semblable à l’idée admise au siècle dernier que les Goths étaient des Scythes, des Gêtes, etc. On croyait alors qu’il existait des restes de cette nation germanique dans la Crimée. » (Encyclop. Ersch u. Gruber, 2e sect. 18e part., p. 18.)

  1. (1) Je suis de l’avis de Grote (Hist. of Greece, t. II, p. 350 et passim) : je ne crois pas aux Pélasges, en tant que formant une race ou une nation distincte, et le mot signifie trop bien anciens habitants, pour que je lui retire ce sens vague et lui en prête un plus spécial. On rencontre les Pélasges en tant d’endroits et pourvus de caractères si différents, qu’il me semble impossible de leur attribuer une nationalité unique. (Voir, à ce sujet, Grote, t. II, p. 349.) — Pott exprime son sentiment d’une façon qui mérite d’être reproduite ici : « Les Pélasges, dit-il, sont, quoi qu’on fasse, une simple fumée et dénués de toute réalité historique, aussi bien que les Casci c’est-à-dire les anciens, les ancêtres et les aborigènes, c’est-à-dire habitants primitifs. Le nom de Pélasges a été pris à tort pour une appellation de peuple et de race. Il ne s’applique que chronologiquement aux premiers âges de la Grèce et aux tribus qui habitaient alors ce pays, sans distinction d’origine. Si, plus tard, on a cru trouver encore çà et là des peuplades qu’on a jugées propres à revêtir cette désignation de Pélasges, c’est par un rapprochement tout semblable à l’idée admise au siècle dernier que les Goths étaient des Scythes, des Gêtes, etc. On croyait alors qu’il existait des restes de cette nation germanique dans la Crimée. » (Encyclop. Ersch u. Gruber, 2e sect. 18e part., p. 18.)