Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/225

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patriciat, de sorte que, suivant le plan des organisateurs, il ne resta à la disposition des rois, sauf les bribes de despotisme, glanées dans les moments de crise, que l’action administrative (1)[1].

Si le gouvernement s’institua ainsi tout étrusque, la forme extérieure de la civilisation, et même l’apparence de la nouvelle cité, ne le furent pas moins (2)[2]. On construisit, sous le nom de Capitole, une citadelle de pierre à la mode tyrrhénienne, on bâtit des égouts et des monuments d’utilité publique, tels que les populations latines n’en connaissaient pas (3)[3]. On érigea, pour les dieux importés, des temples ornés de vases et de statues de terre cuite fabriquées à Fregellæ (4)[4]. On créa des magistratures qui portèrent les mêmes insignes que celles de Tarquinii, de Falerii, de Volterra. On prêta à la ville naissante les armes, les aigles, les titres militaires (5)[5], on lui donna enfin le culte (6)[6], et, en un mot, Rome ne se distingua des établissements



(1) Niebuhr, Rœm. Geschichte, t. I, p. 206. — Il n’était pas indispensable que les rois fussent nés dans la ville. On les prenait comme on les trouvait, ou mieux, comme ils étaient imposés du dehors. (Ibidem., p. 213 et 220.)

(2) Liv., I : « Me haud pœnitet eorum, sententiæ quibus et apparitores et hoc genus ab Etruscis finitimis unde sella curilis unde toga prætexta sumpta est, numerum quoque ipsum ductum est : et ita habuisse Etruscos quod, ex duodecim populis communiter creato rege, singulos singuli populi lectores dederint. »

(3) O. Muller, die Etrusker, p. 120.

(4) O. Muller, die Etrusker, p. 247. — Voir, sur la statue de Turanius de Fregellæ qui représentait un Jupiter, ce que dit Bœttiger, Ideen zur Kunstmythologie (t. II, p. 193.)

(5) La tunique triomphale, le bâton de commandement du dictateur, en ivoire, surmonté d’un aigle, les jeux équestres, etc., etc. (O. Muller, ouvr. cité, p. 121.) — Jusqu’à l’expulsion des rois, le système militaire, à Rome et en Étrurie, fut absolument le même dans les détails comme dans l’ensemble. (Ibidem, p. 391.)

(6) Tite-Live déclare qu’on n’admit qu’une seule divinité non étrusque, c’était celle de la ville d’Albe à laquelle les deux maîtres nominaux de la ville avaient probablement conservé leur dévotion natale : « Sacra diis aliis, albano ritu, græco Herculi, ut ab Evandro instituta erant, facit. Hæc tum sacra Romulus una ex omnibus peregrina suscepit. » (Liv. I.) — Toutefois, cette assertion de l’historien de Padoue me paraît ne devoir pas être prise au pied de la lettre. Elle s’applique,

  1. (1) Niebuhr, Rœm. Geschichte, t. I, p. 206. — Il n’était pas indispensable que les rois fussent nés dans la ville. On les prenait comme on les trouvait, ou mieux, comme ils étaient imposés du dehors. (Ibidem., p. 213 et 220.)
  2. (2) Liv., I : « Me haud pœnitet eorum, sententiæ quibus et apparitores et hoc genus ab Etruscis finitimis unde sella curilis unde toga prætexta sumpta est, numerum quoque ipsum ductum est : et ita habuisse Etruscos quod, ex duodecim populis communiter creato rege, singulos singuli populi lectores dederint. »
  3. (3) O. Muller, die Etrusker, p. 120.
  4. (4) O. Muller, die Etrusker, p. 247. — Voir, sur la statue de Turanius de Fregellæ qui représentait un Jupiter, ce que dit Bœttiger, Ideen zur Kunstmythologie (t. II, p. 193.)
  5. (5) La tunique triomphale, le bâton de commandement du dictateur, en ivoire, surmonté d’un aigle, les jeux équestres, etc., etc. (O. Muller, ouvr. cité, p. 121.) — Jusqu’à l’expulsion des rois, le système militaire, à Rome et en Étrurie, fut absolument le même dans les détails comme dans l’ensemble. (Ibidem, p. 391.)
  6. (6) Tite-Live déclare qu’on n’admit qu’une seule divinité non étrusque, c’était celle de la ville d’Albe à laquelle les deux maîtres nominaux de la ville avaient probablement conservé leur dévotion natale : « Sacra diis aliis, albano ritu, græco Herculi, ut ab Evandro instituta erant, facit. Hæc tum sacra Romulus una ex omnibus peregrina suscepit. » (Liv. I.) — Toutefois, cette assertion de l’historien de Padoue me paraît ne devoir pas être prise au pied de la lettre. Elle s’applique, sans doute, au culte officiel seulement ; car il est bien probable que les gens de races si diverses qui peuplaient Rome avaient conservé, dans l’intérieur de leurs maisons, leurs divinités nationales. Ainsi se prépara la vaste confusion des cultes qui devait avoir lieu au sein de Rome impériale.