Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/336

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tendaient jusque dans les montagnes arméniennes où ils se nommaient Sakasounas. Puis, au nord de la Bactriane, ils se confondaient avec les Indo-Scythes, appelés par les Chinois les Szou. Ils recevaient là une dénomination légèrement altérée et évidemment offerte par ce dernier nom, et devenaient pour les Romains les Sacae ; puis, en reprenant les traditions écrites du Céleste Empire, c’étaient ces Hakas, établis encore, à une époque assez basse, sur les rives du Jénisséi[1]. On ne peut voir en eux que les Sakas du Ramayana, du Mahabharata, des lois de Manou : des vratyas rebelles aux prescriptions sacrées de l’Arya-varta, comme les Khétas, mais, comme eux aussi, incontestablement parents des Arians de l’Inde[2]. Ils l’étaient de même et d’une façon aussi reconnue de ceux de l’Iran  ; et, s’il pouvait rester quelque doute que tous ces Scythes cavaliers de l’Asie et de l’Europe, ces Scythes que les Chinois voyaient errer sur les bords du Hoang-Ho et dans les solitudes du Gobi, que les Arméniens reconnaissaient pour maîtres sur plusieurs points de leur pays[3], et que les rivages de la Baltique, que les provinces kymriques[4] redou-

  1. Westergaard, dans ses études sur les inscriptions cunéiformes de la seconde espèce, observe que le mot Saka doit y être lu avec deux k, pour exprimer la palatale dure avec l’s aspirée, que les Perses n’avaient pas. Ceci rapproche d’autant Haka de Saka, et semble indiquer que les tribus arianes du nord avaient conservé un dialecte plus rude, qui confondait volontiers la sibilante avec l’aspiration. (P. 32.) — Les Sakas ou Hakas sont aussi nommés, dans les annales chinoises, Sse. (Ritter, l. c., p. 605 et pass.)
  2. Sur cette origine commune, ouvertement consentie par la tradition brahmanique, je ne puis que donner le passage du Ramayana qui l’expose ; je me sers de l’admirable traduction de M. Gorresio : « Di nuovo ella (la vacca Sabalâ) produsse i fieri Saci, misti insieme cogli Yavani. Da questi Saci, commisti cogli Yavani, fu inondata la terra. Erano scorridori, robustissimi, condensati, in frotte come fibre di loto  ; portavano bipenni e lunghe spade, avean armi e armadure d’ oro. » — (Gorresio, Ramayana, t, VI, Adicanda, cap. LV, p. 150.) Voilà une description qui fait, avec justice, des Sakas tout autre chose qu’une borde misérable de pillards mongols. — Voir aussi Manava-Dharma-Sastra, ch. X, 44.
  3. Sharon-Turner, Hist. of the Anglo-Saxons, t. I.
  4. Une des stations avancées, non pas la plus avancée, des Arians