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dente intrépidité, la passion la plus chevaleresque des aventures, plus de grandeur idéale que de succès durables. En mettant à part celles de ces nations qui réussirent, mais beaucoup plus tard, à dominer notre continent, les Parthes furent encore une des plus chanceuses parmi les tribus arianes de l’ouest[1].

Ce n’est pas assez que de montrer par les faits que les Khétas, les Sakas, et les Arians, pris dans leur ensemble et à leurs origines, sont tout un. Les trois noms, analysés en eux-mêmes, donnent le même résultat : ils ont tous trois le même sens ; ce ne sont que des synonymes : ils veulent dire également les hommes honorables, et, s’appliquant aux mêmes objets, exposent clairement que la même idée réside sous leurs apparences différentes[2].

  1. Les médailles des rois barbares, des rois sakas, qui renversèrent l’empire gréco-macédonien, ne permettent pas non plus de douter que les conquérants ne parlassent une langue ariane, qu’ils n’eussent un culte arian, et enfin que leurs traits ne fussent tout à fait ceux de la famille blanche, sans rien qui rappelle le type mongol. (Benfey, Bemerkungen über die Gœtter-namen auf Indo-skythischen-münzen, Zeitsch. d. d. m. Gesellsch., t. VIII, p. 450 et seqq.)
  2. J’ai déjà parlé ailleurs du changement normal de l’r en s dans les langues arianes, et de la cause de cette loi. Je n’en donnerai ici que quelques exemples, amenés par le sujet, et pour montrer qu’elle s’exécute partout également. Dans les inscriptions achéménides de la seconde espèce, Westergaard observe que le mot asa peut également être lu arsa ; ainsi Parsa ou Posa. Le savant indianiste ajoute que le médique n’admettait pas l’r devant une consonne et le supprimait (pp. 87, 115.) On se rappelle involontairement ici la façon complexe dont Ammien Marcellin et Jornandés transcrivirent le nom des dieux scandinaves : au lieu d’ases, ils disent anses ou anseis. (On sait combien la mutation de l’r en n est d’ailleurs fréquente.) Cette forme ansi était connue des Chinois, qui disent indifféremment asi et ansi. (Ritter, loc. cit., pass.) — Chez les Doriens, la même mobilité avait lieu entre l’s et l’r. On lit, dans le décret des Spartiates contre Timothée, Τιμόθεος ὁ Μιλέσιορ pour Τιμόθεος ὁ Μιλέσιος, etc. — Chez les Latins, même observation, mais en sens inverse ; ainsi genus, generis, majosibus, majoribus, plurima, plusima, Papisius, Papirius, arbos, arbor. On en trouve des traces dans un dialecte français, le poitevin, où on dit : il ertait pour : il estait, et dans les romans du XIIe siècle. — Ainsi, Arya et Asa sont identiques. L’Asie, Asia, c’est le pays des Arians. Sak ou hak veut dire honorer. (Lassen et Westergaard, p. 25.) — Ket, ...., en persan moderne, veut dire honorable.