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tudes sur des chevaux lourdement caparaçonnés, escortant et surveillant d’immenses chariots couverts d’un large toit. Dans ces vastes machines étaient renfermés leurs femmes, leurs enfants, leurs vieillards, leurs richesses. Des bœufs gigantesques les traînaient pesamment en faisant vaciller et crier leurs roues de bois plein sur le sable ou l’herbe courte de la steppe. Ces maisons roulantes étaient les pareilles de celles que la plus ténébreuse antiquité avait vues transporter vers le Pendjab, la contrée opulente des cinq fleuves, les familles des premiers Arians. C’étaient les pareilles encore de ces constructions ambulantes dont, plus tard, les Germains formèrent leurs camps ; c’était, sous des formes austères, l’arche véritable portant l’étincelle de vie aux civilisations à naître et le rajeunissement aux civilisations énervées, et, si les temps modernes peuvent encore fournir quelque image capable d’en évoquer le souvenir, c’est bien assurément la puissante charrette des émigrants américains, cet énorme véhicule, si connu dans l’ouest du nouveau continent, où il apporte sans cesse jusqu’au delà des montagnes Rocheuses, les audacieux défricheurs anglo-saxons et les viragos intrépides, compagnes de leurs fatigues et de leurs victoires sur la barbarie du désert.

L’usage de ces chariots décide un point d’histoire. Il établit une différence radicale entre les nations qui l’ont adopté et celles qui lui ont préféré la tente. Les premières sont voyageuses ; elles ne répugnent pas à changer absolument d’horizon et de climats  ; les autres seules méritent la qualification de nomades. Elles ne sortent qu’avec peine d’une circonscription territoriale assez limitée. C’est être nomade que d’imaginer l’unique espèce d’habitation qui, par sa nature, soit éternellement mobile et présente le symbole le plus frappant de


    Mèdes. (Livre VII, 62.) — Les Arians Cissiens la suivaient aussi. (Ibidem), ainsi que les Arians Hyrcaniens. (Ibidem). Il en était de même des Parthes, des Chorasmiens, des Sogdiens, des Gandariens, des Dadices et des Bactriens. (Ibidem., 64 et 66.) — Il n’y a donc nul doute possible que les armures complètes de métal et en forme d’écaillés ne fussent d’un usage général chez toutes les nations arianes désignées par les Hindous sous le nom de Sakas.