Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/346

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Les Sarmates[1], les derniers venus des Arians, au Xe siècle avant notre ère, et conséquemment les plus purs, ne tardèrent pas à faire sentir aux anciens conquérants des Slaves la force supérieure de leur bras et de leur intelligence, dans les contestations qui ne manquèrent pas de s’élever. Bientôt ils se firent une grande place. Ils dominèrent entre la Caspienne et la mer Noire, et commencèrent à menacer les plaines du nord[2]. Longtemps, toutefois, les pentes septentrionales du Caucase demeurèrent leur point d’appui. C’est dans les défilés de cette grande chaîne que, plusieurs siècles après, quand ils eurent perdu l’empire exclusif des régions pontiques, celles de leurs tribus qui n’avaient pas émigré allèrent chercher un refuge parmi quelques peuplades parentes plus anciennement établies dans ces gorges[3]. Elles durent à cette circonstance, heureuse pour le maintien de leur intégrité ethnique, l’honneur dont elles jouissent aujourd’hui d’avoir été choisies par la science physiologique pour représenter le type le plus accompli de l’espèce blanche. Les nations actuelles de ces montagnes continuent à être célèbres par leur beauté corporelle, par leur génie guerrier, par cette énergie indomptable qui intéresse les peuples les plus cultivés et les plus amollis aux chances de leurs combats, et par une résistance plus difficile encore à ce souffle d’avilissement qui, sans pouvoir les toucher, atteint autour

  1. Ce nom est formé des deux racines sâr et mat, qui signifient destructeur des peuples. L’une, sâr, est médique. (Westergaard, p. 81.) L’autre, mat, répond au verbe sanscrit déchirer. — Je crois avoir déjà dit, mais je le répète encore, qu’il ne s’agit pas de trouver, pour des mots touraniens, une source directe dans le sanscrit, mais seulement des analogies de dialectes qui puissent faire entrevoir le sens à travers la forme peu concordante des vocables. — Le mot sâr, habitant, est le même qui apparaît dans le nom de la capitale de la Lydie, Σάρδεις, de sâr et de dhâ, Sarda, le lieu où l’on établit des habitants, la colonie.
  2. Schaffarik, Slaw. Alterth., t. I, p. 120-121, 141.
  3. Les Ossètes du Caucase, nommés, dans les anciennes annales russes, Iasi ou Osi, et par Plan-Carpin, au XIIIe siècle, Alani et Asses, s’attribuent à eux-mêmes le titre d’Iron, et à leur pays celui d’Ironistan. C’est un nouvel exemple de permutation de l’r en s. ( Schaff., Slaw. Alterth., t. I, 141, 353.)