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CHAPITRE II

Les Arians Germains

Arrivée à un certain point de sa route, l’émigration des nobles nations roxolanes se sépara en deux rameaux. L’un se dirigea vers la Poméranie actuelle, s’y établit, et de là conquit les îles voisines de la côte et le sud de la Suède[1]. Pour la première fois les Arians devenaient navigateurs et s’emparaient d’un mode d’activité dans lequel il leur était réservé de dépasser un jour, en audace et en intelligence, tout ce que les autres civilisations avaient jamais pu exécuter. L’autre rameau, qui, à son heure, ne fut pas moins remarquable ni moins comblé dans ce genre, continua à marcher dans la direction de la mer Glaciale, et, arrivé sur ces tristes rivages, fit un coude, les longea, et, redescendant ensuite vers le midi, entra dans cette Norwège, Nord-wegr, le chemin septentrional[2], contrée sinistre, peu digne de ces guerriers, les plus excellents des êtres. Ici l’ensemble des tribus qui s’arrêta abandonna les dénominations de Sarmates, de Roxolans, d’Ases, qui jusqu’alors avaient servi à le distinguer au milieu des autres races. Il reprit le titre de Sakas. Le pays s’appela Skanzia, la presqu’île des Sakas. Très probablement ces nations avaient toujours continué entre elles à se donner le titre d’hommes honorables, et, sans un trop grand souci du mot qui rendait cette idée, elles se nommaient indifféremment Khétas, Sakas, Arians ou Ases. Dans la nouvelle demeure, ce fut la seconde de ces dénominations qui prévalut, tandis que, pour le groupe établi dans la Poméranie et les terres adjacentes,

  1. Munch, ouvr. cité, p. 61.
  2. Munch, p. 9 et 61. — Il donne, par extension, au mot Norwégien le sens de gens qui marchent vers le nord, et, par induction, de gens qui marchent vers le nord relativement à leurs compatriotes, Suédois et Poméraniens, ou, autrement dit, Goths restés au sud.