Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/364

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complètement mérités. Ceux auxquels ils étaient rendus aspirèrent à tous les genres de gloire. Ils comprirent beaucoup mieux que ne le faisaient les Romains l’importance et le prix des monuments de toute espèce provenus de l’ancienne civilisation  ; ils exercèrent l’influence la plus noble dans tout l’Occident. Ils en furent récompensés par une gloire durable ; au XIIe siècle, un poète français se faisait encore honneur d’être issu de leur sang (1)[1], et, beaucoup plus tard, les derniers tressaillements de l’énergie gothique inspirèrent l’orgueil de la noblesse espagnole.

Après les Goths, les Vandales tiendraient un rang distingué dans l’oeuvre du renouvellement social, si leur action avait pu se soutenir et durer davantage. Leurs bandes nombreuses n’étaient pas purement germaniques, ni par les recrues dont elles s’étaient renforcées, ni par l’origine même du noyau : l’élément slave tendait à y dominer (2)[2]. Bientôt la fortune les jeta au milieu de populations plus civilisées de beaucoup qu’ils ne l’étaient, et infiniment plus nombreuses. Les alliages particuliers qui s’opérèrent furent d’autant plus pernicieux, pour la partie germanique de leur essence, qu’étrangers à la combinaison première des éléments vandales, ces alliages y créèrent et y développèrent plus de désordres. Un mélange fondamentalement slave, jaune et arian, acceptant de proche en proche, en Italie et en Espagne, le sang romanisé de différentes formations pour prendre ensuite toutes les nuances mélanisées répandues sur le littoral africain, ne pouvait que dégénérer d’autant plus promptement qu’il cessa bientôt de recevoir tout affluent germanique. Carthage vit les Vandales accepter avec empressement sa civilisation décrépite et en


(1) Rigord, mort vers 1209, se qualifie, dans sa chronique : « Magister Rigordus, natione Gothu. » (Hist. litt. de France, t. XVII, p. 7.)

(2) Schaffarik (Slaw. Alterth., t. I, p. 163) pense que les Slaves, dans leurs établissements situés entre la Vistule et l’Oder, ayant reçu des immixtions des Suèves (Celtes germanisés), donnèrent naissance aux Vandales. La terminaison il, ul, al indique un dérivé. Parmi les Vandales se mêlèrent plusieurs bandes dont l’origine purement germanique est incontestable. Cependant ces bandes étaient peu nombreuses.


  1. (1) Rigord, mort vers 1209, se qualifie, dans sa chronique : « Magister Rigordus, natione Gothu. » (Hist. litt. de France, t. XVII, p. 7.)
  2. (2) Schaffarik (Slaw. Alterth., t. I, p. 163) pense que les Slaves, dans leurs établissements situés entre la Vistule et l’Oder, ayant reçu des immixtions des Suèves (Celtes germanisés), donnèrent naissance aux Vandales. La terminaison il, ul, al indique un dérivé. Parmi les Vandales se mêlèrent plusieurs bandes dont l’origine purement germanique est incontestable. Cependant ces bandes étaient peu nombreuses.