Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/366

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ils s’étaient dirigés vers le sud, postérieurement au IIIe siècle, et ayant dominé longtemps dans l’Allemagne méridionale, ils s’y étaient mariés aux Germains celtisés des invasions précédentes, comme aussi à tous les éléments divers, kymriques et slaves, qui pouvaient s’y trouver en fusion. Leur destinée ressembla en beaucoup de points à celle des Longobards, avec cette nuance cependant que leur sang put se conserver un peu davantage. Ils eurent le bonheur de se trouver directement, à dater du VIIe siècle, sous le coup d’un groupe germanique dont la pureté correspondait à celle des Goths, la nation des Franks. S’ils se virent promptement réduits à obéir à ces supérieurs, ils leur durent des immixtions ethniques très favorables.

Les Franks, qui survécurent comme nation puissante à presque toutes les autres branches de la souche commune, même à celle des Goths, n’avaient été qu’à peine entrevus, dans le noyau de leur race, par les historiens romains du Ier siècle de notre ère (1)[1]. Leur tribu royale, les Mérowings, habitait alors et jusqu’au VIe siècle compta encore des représentants sur un territoire, assez borné, situé entre les embouchures de l’Elbe et de l’Oder, aux bords de la Baltique, au-dessus de l’ancien séjour des Longobards. Il est évident, d’après cette situation géographique, que les Mérowings étaient issus de la JVorwège, et n’appartenaient pas à la branche gothique (2)[2]. Ils acquirent

(1) Pline connaît ce peuple.

(2) C’est le pays appelé par l’anonyme de Ravenne, Maurungania, la terre des Mérowings. — Le poème de Beowulf établit bien la relation entre les Mérowings et les Franks lorsqu’il dit, v. 5836:

Us waes à-Syddan
Mere-wionigas
Milts un-gyfede.

« Depuis ce temps, la bienveillance des Mérowings nous a toujours été refusée, » c’est-à-dire depuis que les Franks sont en guerre avec celui qui parle. (Kemble, Anglo-saxon Poëm of Beowulf, p. 206. — Ettmuller, Beowulfslied, 21. — J. Bachlechner, Zeitschrift f. d. Alt., t. VIII, p. 326.) — Keferstein montre bien comment, par la route qu’ils suivirent dans leur migration de l’extrême nord, les Franks ont pu arriver jusque dans la Gaule sans avoir été nullement mêlés aux Slaves et presque point aux Celtes purs. (T. I, p. xxxiv.)


  1. (1) Pline connaît ce peuple.
  2. (2) C’est le pays appelé par l’anonyme de Ravenne, Maurungania, la terre des Mérowings. — Le poème de Beowulf établit bien la relation entre les Mérowings et les Franks lorsqu’il dit, v. 5836:

    Us waes à-Syddan
    Mere-wionigas
    Milts un-gyfede.

    « Depuis ce temps, la bienveillance des Mérowings nous a toujours été refusée, » c’est-à-dire depuis que les Franks sont en guerre avec celui qui parle. (Kemble, Anglo-saxon Poëm of Beowulf, p. 206. — Ettmuller, Beowulfslied, 21. — J. Bachlechner, Zeitschrift f. d. Alt., t. VIII, p. 326.) — Keferstein montre bien comment, par la route qu’ils suivirent dans leur migration de l’extrême nord, les Franks ont pu arriver jusque dans la Gaule sans avoir été nullement mêlés aux Slaves et presque point aux Celtes purs. (T. I, p. xxxiv.)