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vache Audhumbha. C’est le symbole de la force organique, qui donne le mouvement à toutes choses. À ce moment, un être nommé Buri sortit encore de ces gouttes d’eau, et il eut un fils, Börr, qui, s’unissant à la fille d’un géant, donna le jour aux trois premiers dieux, les plus anciens, les plus vénérables, Odhin, Vili et Ve (1)[1].

Cette trinité, ainsi venue quand les grandes créations cosmiques étaient déjà achevées, n’avait à réaliser qu’un travail d’organisation, et en effet ce fut là sa tâche. Elle ordonna le monde, et de deux troncs d’arbre échoués sur le rivage de la mer, elle façonna les durs auteurs de l’espèce humaine. Un chêne fut l’homme, un saule devint la femme (2)[2].

Cette doctrine n’est toujours que le naturalisme arian, modifié par des idées développées dans l’extrême Nord (3)[3]. La matière vivante et intelligente, représentée encore par le mythe tout asiatique de la vache Audhumbha, s’y maintient au-dessus des trois grands dieux eux-mêmes. Ils sont nés après elle : rien de moins étonnant qu’ils ne soient pas copartageants de son éternité. Ils doivent périr ; ils doivent disparaître un jour, vaincus par les géants, par les forces organiques de la nature, et cette organisation du monde dont ils sont les ordonnateurs est destinée à s’engloutir avec eux, avec les hommes

(1) W. Muller, p. 163. — Il est inutile de donner ici les développements ultérieurs de cette formule théologique, qui flnit par contenir douze grands dieux et une foule de personnalités célestes de tout ordre et de toute provenance ; car il y eut des dieux wanes, jotuns et nanis, comme il y avait des dieux ases.

(2) W. Muller, ouvr. cité, p. 164. — Vœlusp, st. 17. — Je ne développe ici que les plus grands traits de la théologie et de la cosmogonie Scandinaves, ne m’arrêtant surtout qu’aux parties les plus anciennes. La nouvelle Edda montre de nombreuses traces de mythes qui ne sont pas originairement arians ou qui ont été développés dans l’extrême Nord postérieurement à l’arrivée des Roxolans. — Le plus vénérable document Scandinave, la Vœluspa, a été composé dans la première moitié du VIIIe siècle de notre ère. M. Dietrich y aperçoit des traces de cinq différents poèmes, beaucoup plus antiques. (Dietrich, Alter der Vœluspa, dans la Zeitschr. f. deutsch. Alterth., t. VIII, p. 318.)

(3) César pense que les Germains, ne reconnaissant pour dieux que les forces naturelles qui se manifestaient à leur vue, n’adoraient que le soleil, la lune et le feu, Sol, Luna, Vulcanus. (De Bello gall., VI, 21.)


  1. (1) W. Muller, p. 163. — Il est inutile de donner ici les développements ultérieurs de cette formule théologique, qui flnit par contenir douze grands dieux et une foule de personnalités célestes de tout ordre et de toute provenance ; car il y eut des dieux wanes, jotuns et nanis, comme il y avait des dieux ases.
  2. (2) W. Muller, ouvr. cité, p. 164. — Vœlusp, st. 17. — Je ne développe ici que les plus grands traits de la théologie et de la cosmogonie Scandinaves, ne m’arrêtant surtout qu’aux parties les plus anciennes. La nouvelle Edda montre de nombreuses traces de mythes qui ne sont pas originairement arians ou qui ont été développés dans l’extrême Nord postérieurement à l’arrivée des Roxolans. — Le plus vénérable document Scandinave, la Vœluspa, a été composé dans la première moitié du VIIIe siècle de notre ère. M. Dietrich y aperçoit des traces de cinq différents poèmes, beaucoup plus antiques. (Dietrich, Alter der Vœluspa, dans la Zeitschr. f. deutsch. Alterth., t. VIII, p. 318.)
  3. (3) César pense que les Germains, ne reconnaissant pour dieux que les forces naturelles qui se manifestaient à leur vue, n’adoraient que le soleil, la lune et le feu, Sol, Luna, Vulcanus. (De Bello gall., VI, 21.)