Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exercée uniquement par les chefs des grandes familles ; en un mot, le gouvernement des cités grecques se modela complètement sur celui des villes phéniciennes.

Avant d’aller plus loin, il est indispensable d’intercaler ici une observation d’une haute importance. Tout ce qui précède s’applique à la Grèce savante, civilisée, à demi et même déjà plus qu’à demi sémitique. Pour la Grèce septentrionale, dominatrice aux premiers âges, et, en ce moment, retombée dans l’ombre, les faits que j’expose ne la concernent nullement. Cette partie du territoire, restée beaucoup plus ariane que l’autre, avait vu ses domaines se circonscrire.

La frontière sud, envahie par les populations sémitisées, s’était resserrée. Plus on montait vers le nord, plus l’ancien sang grec avait conservé de pureté. Mais, en somme, la Thessalie était elle-même déjà souillée, et il fallait arriver jusqu’à la Macédoine et à l’Épire pour se retrouver au milieu des traditions anciennes.

Au nord-est et au nord-ouest, ces provinces avaient également perdu un voisinage ami. Les Thraces et les Illyriens, envahis et transformés par les Celtes et les Slaves, ne se comptaient plus comme Arians. Cependant le contact de leurs éléments blancs, mêlés de jaunes, n’avait pas pour les Grecs septentrionaux les suites à la fois fébriles et débilitantes qui caractérisaient les immixtions asiatiques du sud.

Ainsi limités, les Macédoniens et les Épirotes se maintinrent plus fidèles aux instincts de la race primitive. Le pouvoir royal se conserva chez eux : la forme républicaine leur demeura inconnue aussi bien que l’exagération de puissance accordée au dominateur abstrait appelé la patrie. On ne pratiqua pas, dans ces contrées peu vantées, le grand perfectionnement attique. En revanche, on se gouverna noblement avec des notions de liberté qui possédaient en utilité réelle l’équivalent de ce qu’elles avaient de moins en arrogance. On ne fit pas tant parler de soi ; mais on ne vécut pas non plus d’une existence de catastrophes. Bref, même dans le temps où les Grecs du sud, ayant peu conscience de l’impureté de leur sang, se demandaient entre eux si vraiment les Macédoniens et leurs alliés