Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/432

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En même temps, les peuples germaniques, imitant ce qu’ils observaient chez leurs sujets, s’occupèrent activement de régulariser leur propre législation, suivant les nécessités de l’époque et du milieu où ils se trouvaient placés. Si leur attention fut mise en éveil par le travail d’autrui, ce ne fut nullement d’une manière servile, ni dans la méthode ni dans les résultats, que procéda leur intelligence.

S’étant imposé l’obligation de respecter et, par conséquent, de reconnaître les droits des Romains, ce leur fut une raison de se rendre un compte fort exact des leurs, et d’établir une sorte de concordance ou mieux de parallélisme entre les deux systèmes qu’ils avaient l’intention de faire vivre en face l’un de l’autre. Il résulta de cette dualité, si franchement acceptée et même cultivée, un principe d’une haute importance et dont l’influence ne s’est jamais complètement perdue. Ce fut de reconnaître, de constater, de stipuler qu’il n’existait pas de distinction organique entre les diverses tribus, les diverses nations venues du nord, en quelque lieu qu’elles fussent établies et quelques noms qu’elles pussent porter, du moment qu’elles étaient germaniques[1]. À la faveur de certaines alliances, un petit nombre de groupes plus qu’à demi slaves parvinrent à se faire accepter dans cette grande famille, et servirent plus tard de prétexte, d’intermédiaire pour y rattacher, avec moins de fondement encore, plusieurs de leurs frères. Mais cette extension

    Romains recherchaient beaucoup les statues de marbre, afin d’en faire de la chaux. Les rois visigoths et les papes, malgré les prescriptions les plus sévères, ne purent empêcher le plus grand nombre des objets d’art de périr ainsi. (Ouvr. cité, p. 857.) — Athalaric s’efforça de réorganiser l’école de droit de Rome. (Cassiod., Var., IX, 31.) — Les rois visigoths, non contents de défendre la destruction des monuments, attribuèrent même des fonds à leur entretien. (Clarac, ouvr. cité, part. II, p. 837.)

  1. (1) C’était agir conformément aux indications de la race, de la langue, de la loi civile, et Palsgrave a dit avec vérité : « Like their various languages which are in thruth but dialect of one mother tongue, so their laws are but modifications of one primeval code… even now we can mark the era when the same principles and doctrines were recognised at Upsala and at Toledo, in Lombardy and in England. » (Ouvr. cité, t. I, p. 3.)