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Horsa, nombre d’hommes de leur nation vivaient déjà en Angleterre (1)[1].

Ainsi la population bretonne se trouvait très anciennement affectée par des immixtions germaniques. Il est peu douteux que les tribus les moins bien douées, celles qui occupaient les provinces du centre, furent graduellement obligées de se confondre avec les masses environnantes, ou de se retirer au fond des montagnes du nord, ou enfin d’émigrer dans l’île d’Irlande, qui devint ainsi le dernier asile des Celtes purs, si toutefois il en restait de tels.

Bientôt la population romaine était devenue à son tour importante. Lors de la révolte de Boadicée, soixante-dix mille Romains et alliés avaient été égorgés par les rebelles dans les trois seuls cantons de Londres, de Vérulam et de Colchester. Les causes qui avaient amené ces méridionaux dans la Grande-Bretagne continuant toujours d’agir, de nouveaux venus comblèrent bientôt les vides produits par l’insurrection, et le nombre des Romains insulaires continua à suivre une progression ascendante.

An IIIe siècle, Marcien compte dans le pays cinquante-neuf villes de premier rang (2)[2]. Beaucoup n’étaient peuplées que de Romains, expression qu’il ne faut pas entendre dans ce sens que ces habitants n’avaient dans les veines que du sang

(1) Palsgrave, the Rise and Progress of the English Commonwealth, t. I, p. 355.

(2) Palsgrave, ouvr. cité, t. I, p. 237. beaucoup de ces villes n’étaient peuplées que de colons romains. On sait ce qu’il faut entendre par cette dénomination au point de vue ethnique. — César a dit deux choses contradictoires sur les villes de la Grande-Bretagne. Dans un passage, il déclare qu’elles ne sont que des camps palissadés. Dans un autre (V, 13), il décrit « creberrima aedificia fere gallicis consimilia. » — Il veut dire que les Bretons de l’intérieur, les plus grossiers, n’avaient que des retraites dans les bois, mais que les Belges germanisés venus de la Gaule avaient des villes comme leurs frères du continent. Il n’est pas douteux, en effet, qu’ils n’aient dû conserver cette coutume, puisqu’ils frappaient monnaie d’après les types belgiques, et que d’ailleurs, quarante ans après l’occupation romaine, sous Agricola, il y avait, au calcul de Ptolémée, cinquante-six villes dans le pays. C’étaient évidemment, pour la plupart, des cités nationales.


  1. (1) Palsgrave, the Rise and Progress of the English Commonwealth, t. I, p. 355.
  2. (2) Palsgrave, ouvr. cité, t. I, p. 237. beaucoup de ces villes n’étaient peuplées que de colons romains. On sait ce qu’il faut entendre par cette dénomination au point de vue ethnique. — César a dit deux choses contradictoires sur les villes de la Grande-Bretagne. Dans un passage, il déclare qu’elles ne sont que des camps palissadés. Dans un autre (V, 13), il décrit « creberrima aedificia fere gallicis consimilia. » — Il veut dire que les Bretons de l’intérieur, les plus grossiers, n’avaient que des retraites dans les bois, mais que les Belges germanisés venus de la Gaule avaient des villes comme leurs frères du continent. Il n’est pas douteux, en effet, qu’ils n’aient dû conserver cette coutume, puisqu’ils frappaient monnaie d’après les types belgiques, et que d’ailleurs, quarante ans après l’occupation romaine, sous Agricola, il y avait, au calcul de Ptolémée, cinquante-six villes dans le pays. C’étaient évidemment, pour la plupart, des cités nationales.