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leur tour le despotisme de la patrie, à peine avaient-ils entrepris, à la place de leurs rivaux dépossédés, l’éternelle et malheureuse défense de l’ordre légal contre la tyrannie pullulante, que le gros des citoyens posa de nouveau la question soumise naguère aux grands du pays (1)[1], se trouva également digne de gouverner et battit en brèche la position des timocrates. Et quand une fois le simple peuple eut mis le pied sur cette pente, l’État ne put s’y retenir. Il devint clair qu’après les citoyens pauvres allaient venir et réclamer les demi-citoyens, les étrangers domiciliés, les esclaves, la tourbe.

Arrêtons-nous ici un moment, et considérons une autre face du sujet.

La seule et souvent déterminante excuse que peut présenter de son existence prolongée un régime arbitraire et violent, c’est la nécessité d’être fort pour agir contre l’étranger ou dominer à l’intérieur. Le système grec donnait-il au moins ce résultat ?

Il avait trois difficultés à résoudre : d’abord celle qui ressortait de sa situation vis-à-vis du reste du monde civilisé, c’est-à-dire de l’Asie ; puis les relations des États grecs entre eux ; enfin la politique intérieure de chaque cité souveraine.

Nous savons déjà que l’attitude de la Grèce entière envers le grand roi était toute de soumission et d’humilité. De Thèbes, de Sparte, d’Athènes, de partout, des ambassades ne faisaient qu’aller à Suse ou en revenir, sollicitant ou débattant les arrêts du souverain des Perses sur les démêlés des villes grecques entre elles. On ne courait même pas jusqu’au maître. La protection d’un satrape de la côte suffisait pour assurer à la politique d’une localité une grande prépondérance sur ses rivales. Tissapherne ordonnait, et, inquiètes des suites d’une désobéissance, les républiques silencieuses obéissaient à Tissapherne.



des nobles ; l’autre, le boulé (βουλή), l’assemblée des riches. (Mac Cullagh, t. I, p. 26.) — Ce sont les deux chambres du système parlementaire anglais.

(1) À Cumes, tout homme possédant un cheval avait voix dans l’assemblée. À Éphèse et à Érythrées, où l’on pratiquait une sorte de régime représentatif, des députés du peuple siégeaient avec la noblesse. (Mac Cullagh, t. I, p. 25.)


  1. (1) À Cumes, tout homme possédant un cheval avait voix dans l’assemblée. À Éphèse et à Érythrées, où l’on pratiquait une sorte de régime représentatif, des députés du peuple siégeaient avec la noblesse. (Mac Cullagh, t. I, p. 25.)