Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/503

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Les familles noire et blanche ne s’apercevant pas à l’état pur en Amérique, on a beau jeu pour constater, sinon leur absence totale, au moins leur effacement dans un degré notable. Il n’en est pas de même du type finnois ; il est irrécusable dans certaines peuplades du nord-ouest, telles que les Esquimaux (1)[1]. C’est donc là un point de jonction entre le vieux et le nouveau monde ; on ne peut mieux faire que de le choisir pour point de départ de l’examen. Après avoir quitté les Esquimaux, en descendant vers le sud, on arrive bientôt aux tribus appelées ordinairement rouges, aux Chinooks, aux Lenni-Lenapés, aux Sioux ; ce sont là les peuples qui ont eu un moment l’honneur d’être pris pour les prototypes de l’homme américain, bien que, ni par le nombre, ni par l’importance de leur organisation sociale, ils n’eussent le moindre sujet d’y prétendre. On constate sans peine des rapports étroits de parenté entre ces nations et les Esquimaux, partant les peuples jaunes. Pour les Chinooks, la question n’est pas un instant douteuse ; pour les autres, elle n’offrira plus d’obscurités du moment qu’on cessera de les comparer, ainsi qu’on le fait trop souvent, aux Chinois malais du sud de l’Empire Céleste, et qu’on les confrontera avec les Mongols. Alors on retrouvera sous la carnation cuivrée du Dahcota un fond évidemment jaune. On remarquera chez lui l’absence presque complète de barbe, la couleur noire des cheveux, leur nature sèche et roide, les dispositions lymphatiques du tempérament, la petitesse extraordinaire des yeux et leur tendance à l’obliquité. Cependant, qu’on y prenne garde aussi, ces divers caractères du type finnique sont loin d’apparaître chez les tribus rouges dans toute leur pureté.


(1) M. Morton (An Inquiry into the distinctive characteristics of the aboriginal race of America, Philadelphie, 1844) conteste la parenté des Esquimaux avec les Indiens Lenni-Lenapés ; mais ses arguments ne peuvent prévaloir contre ceux de Molina et de Humboldt. Son dessein est d’établir que la race américaine, sauf les peuplades polaires, dont il ne peut nier l’identité avec des groupes asiatiques, et que, pour ce motif, il range à part, est unitaire, ce qui est évident, mais de plus spéciale au continent qu’elle habite. (P. 6.)

  1. (1) M. Morton (An Inquiry into the distinctive characteristics of the aboriginal race of America, Philadelphie, 1844) conteste la parenté des Esquimaux avec les Indiens Lenni-Lenapés ; mais ses arguments ne peuvent prévaloir contre ceux de Molina et de Humboldt. Son dessein est d’établir que la race américaine, sauf les peuplades polaires, dont il ne peut nier l’identité avec des groupes asiatiques, et que, pour ce motif, il range à part, est unitaire, ce qui est évident, mais de plus spéciale au continent qu’elle habite. (P. 6.)