Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/51

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avec fermeté y ajouter le mensonge, la ruse, la fourberie ou la violence. Dans ce cas, le vol devenait une action d’éclat, recommandée, prisée, et le voleur ne passait pas pour un homme ordinaire. Était-il bien de garder la fidélité conjugale ? À dire vrai, ce n’était pas crime. Mais si un époux s’attachait à tel point à sa femme, qu’il prît plaisir à vivre un peu plus sous son toit que sur la place publique, le magistrat s’en inquiétait et un châtiment exemplaire menaçait le coupable.

Je passe sur les résultats de l’éducation publique, je ne dis rien des concours de jeunes filles nues dans le stade, je n’insiste pas sur cette exaltation officielle de la beauté physique dont le but reconnu était d’établir pour l’État des haras à citoyens vertement taillés, corsés et vigoureux ; mais je dis que la fin de toute cette bestialité était de créer un ramas de misérables sans foi, sans probité, sans pudeur, sans humanité, capables de toutes les infamies, et façonnés d’avance, esclaves qu’ils étaient, à l’acceptation de toutes les turpitudes. Je renvoie là-dessus aux dialogues du Démos d’Aristophane avec ses valets (1)[1].

Le peuple grec, parce qu’il était arian, avait trop de bon sens, et, parce qu’il était sémite, avait trop d’esprit, pour ne pas sentir que sa situation ne valait rien et qu’il devait y avoir mieux en fait d’organisation politique. Mais par la raison que le contenu ne saurait embrasser le contenant, le peuple grec ne se mettait pas en dehors de lui-même et ne se haussait pas



(1) Il est facile de juger des résultats que le régime de la démocratie avait amenés à Athènes. À l’époque de Cécrops, l’Attique passe pour avoir eu 20,000 habitants. Sous Périclès, elle en comptait quelque chose de moins, et quand, avec les Macédoniens, l’isonomie véritable eut été remplacée par la domination étrangère, la cité présenta, dans les dénombrements, les chiffres que voici : 21,000 citoyens, 10,000 métœques ou étrangers domiciliés, et 400,000 esclaves. (Clarac, Manuel de l’histoire de l’art chez les anciens (in-12, Paris, 1874), 1re partie, p. 318.) — Ce renseignement statistique, comme ce que j’aurai occasion de dire plus tard de la situation de la Rome royale comparée à la Rome consulaire, fait, à lui seul, justice de toutes les opinions qui ont eu cours chez nous depuis trois cents ans sur le mérite relatif des différents gouvernements de l’antiquité. (Voir aussi Bœckh, die Staatshaushaltung der Athener, t. I, p. 35 et passim.) — Ce savant entre dans des détails qui concordent avec l’opinion de Clarac.

  1. (1) Il est facile de juger des résultats que le régime de la démocratie avait amenés à Athènes. À l’époque de Cécrops, l’Attique passe pour avoir eu 20,000 habitants. Sous Périclès, elle en comptait quelque chose de moins, et quand, avec les Macédoniens, l’isonomie véritable eut été remplacée par la domination étrangère, la cité présenta, dans les dénombrements, les chiffres que voici : 21,000 citoyens, 10,000 métœques ou étrangers domiciliés, et 400,000 esclaves. (Clarac, Manuel de l’histoire de l’art chez les anciens (in-12, Paris, 1874), 1re partie, p. 318.) — Ce renseignement statistique, comme ce que j’aurai occasion de dire plus tard de la situation de la Rome royale comparée à la Rome consulaire, fait, à lui seul, justice de toutes les opinions qui ont eu cours chez nous depuis trois cents ans sur le mérite relatif des différents gouvernements de l’antiquité. (Voir aussi Bœckh, die Staatshaushaltung der Athener, t. I, p. 35 et passim.) — Ce savant entre dans des détails qui concordent avec l’opinion de Clarac.