Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/533

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Je me trompe. Beaucoup de ces nations semblent, au contraire, à l’abri de cette fin misérable. Il ne s’agit, pour entrer en goût de le soutenir, que d’envisager la question sous une face nouvelle.

De même que les mélanges opérés entre les indigènes et les colons islandais et Scandinaves ont pu créer des métis relativement civilisables, de même les descendants des conquérants espagnols et portugais, en se mariant aux femmes des pays occupés par eux, ont donné naissance à une race mixte supérieure à l’ancienne population. Mais, si l’on veut considérer le sort des naturels américains sous cet aspect, il faut en même temps tenir compte de la dépression manifestée, par le fait de cet hymen, dans les facultés des groupes européens qui ont consenti à le contracter. Si les Indiens des pays espagnols et portugais sont, çà et là, un peu moins abâtardis, et surtout infiniment plus nombreux (1)[1] que ceux des autres parties du nouveau continent, il faut considérer que cette amélioration dans l’état de leurs aptitudes est bien minime, et que la conséquence la plus pratique en a été l’avilissement des races dominatrices. L’Amérique du Sud, corrompue dans son sang créole, n’a nul moyen désormais d’arrêter dans leur chute ses métis de toutes variétés et de toutes classes. Leur décadence est sans remède.


de cet écrivain s’appliquent surtout aux peuples chasseurs de l’hémisphère septentrional.

(1) M. A. de Humboldt démontre même que la population indigène des contrées espagnoles est en voie de prospérité et d’augmentation, au détriment, bien entendu, de la descendance des conquérants immergés dans cette masse. (Ouvr. cité, t. II, p. 129.) Cet état de choses trouble beaucoup la sécurité de conscience des observateurs américains dans le pays desquels se manifeste un phénomène tout opposé. Il ébranle presque leur confiance dans ce qu’on appelle les bienfaits de la civilisation, et M. Pickering, confondant du reste toutes notions raisonnables, se pose cette question : « By an exception to tbe usual tendency of european civilisation, there are grounds for questioning whether Peru bas altogether gained by the change. »(P. 31.) — C’est plutôt au sujet des tribus de Lennis-Lenapés que le savant Américain devrait soulever ce doute.

  1. (1) M. A. de Humboldt démontre même que la population indigène des contrées espagnoles est en voie de prospérité et d’augmentation, au détriment, bien entendu, de la descendance des conquérants immergés dans cette masse. (Ouvr. cité, t. II, p. 129.) Cet état de choses trouble beaucoup la sécurité de conscience des observateurs américains dans le pays desquels se manifeste un phénomène tout opposé. Il ébranle presque leur confiance dans ce qu’on appelle les bienfaits de la civilisation, et M. Pickering, confondant du reste toutes notions raisonnables, se pose cette question : « By an exception to tbe usual tendency of european civilisation, there are grounds for questioning whether Peru bas altogether gained by the change. »(P. 31.) — C’est plutôt au sujet des tribus de Lennis-Lenapés que le savant Américain devrait soulever ce doute.