Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Pour l’état populaire à Athènes, je ne sais qu’en dire, sinon qu’il entasse tant de hontes politiques à côté de magnificences intellectuelles inimitables, qu’on pourrait croire au premier abord qu’il lui fallut bien des siècles pour accomplir une telle œuvre. Mais, en faisant commencer ce régime à l’archontat d’Isagoras en 508, on ne peut le prolonger que jusqu’à la bataille de Chéronée, en 339. Le gouvernement continua plus tard sans doute à s’intituler république ; toutefois l’isonomie était perdue, et, quand les gens d’Athènes s’avisèrent de prendre les armes contre l’autorité macédonienne, ils furent traités moins en ennemis qu’en rebelles. De 508 à 339, il y a 169 ans.

Sur ces 169 ans, il convient d’en déduire toutes les années où gouvernèrent les riches ; puis celles où régnèrent soit les Pisistratides, soit les trente tyrans institués par les Lacédémoniens. Il n’y faut pas comprendre non plus l’administration monarchique et exceptionnelle de Périclès, qui dura une trentaine d’années ; de sorte qu’il reste à peine pour le gouvernement démocratique la moitié des 169 ans ; encore cette période ne fut-elle pas d’un seul tenant. On la voit constamment interrompue par les conséquences des fautes et des crimes d’abominables institutions. Toute sa force s’employa à conduire la Grèce à la servitude.

Ainsi organisée, ainsi gouvernée, la société hellénique tomba, vers l’an 504, dans une attitude bien humble en face de la puissance iranienne. La Grèce continentale tremblait. Les colonies ioniennes étaient devenues tributaires ou sujettes.



à la fâcheuse persistance des institutions aristocratiques. Il a aussi des paroles de pitié pour ces infortunés Doriens de la Crète, dont la constitution restera inébranlable pendant de longues séries de siècles. La comparaison des dates indiquées ici aurait dû le consoler ; ou du moins, s'il voulait persister à gémir sur le peu de longévité des lois de Lycurgue, ne se maintenant que le court espace de 632 ans, il eût pu réserver la plus grande part de sa sympathie pour la démocratie athénienne, encore bien plus promptement décédée. (Mac Cullagh, t. I, p. 208 et 227.) — Mais M. Mac Cullagh, en sa qualité d'antiquaire libre-échangiste, a particulièrement l'horreur de la race dorienne. Je doute qu'il vienne à bout des préférences toutes contraires d'O. Müller (die Dorier). L'érudit allemand est un bien rude antagoniste.