Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/87

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regrette que des recherches analogues à celles qui l’ont amenée n’aient pas eu lieu jusqu’ici sur les côtes de France. Il ne doute pas qu’il n’en dût sortir des observations semblables à celles qu’il a eu l’occasion de faire dans sa patrie, et il pense surtout que la Bretagne serait explorée avec grand avantage. Il ajoute : « Tout le monde sait combien ces amas de coquillages et d’os sont fréquents en Amérique. Ils renferment des instruments non moins grossiers (que ceux que l’on a trouvés dans les détritus danois et norwégiens), et attestent le séjour des anciennes peuplades aborigènes. »

Ces monuments sont d’un genre si particulier, et si peu propre à frapper les yeux et à attirer l’attention, qu’on s’explique sans peine l’obscurité qui les a si longtemps couverts. Le mérite n’en est que plus grand pour les observateurs auxquels la science est redevable d’un présent, certes bien curieux, puisqu’il en résulte au moins une forte présomption que le nord de l’Europe possède des traces identiques à celles qu’offrent encore les plages du nouveau monde dans le voisinage du détroit de Behring. Il permet aussi de commenter une autre trouvaille du même genre, plus intéressante encore, faite, il y a peu de mois, aux environs de Namur. Un savant belge, M. Spring, a retiré d’une grotte à Chauvaux, village de la commune de Godine, un amas de débris doublement enterrés sous une couche de stalagmite et sous une autre de limon, parmi lesquels il a reconnu des fragments d’argile calcinée, du charbon végétal, puis des os de bœufs, de moutons, de porcs, de cerfs, de chevreuils, de lièvres, enfin de femmes, de jeunes hommes et d’enfants. Particularité curieuse qui se remarque aussi dans les détritus du Danemark et de la Norwège : tous les os à moelle sont rompus, aussi bien ceux qui ont appartenu à des individus de notre espèce que les autres, et M. Spring en conclut avec raison que les auteurs de ce dépôt comestible étaient anthropophages (1)[1]. C’est là un goût étranger à toutes les tribus de la famille blanche, même les plus farouches,



(1) Moniteur universel du 18 mars 1854, n° 77. Communication faite par M. Spring à l’Académie royale de Belgique.

  1. (1) Moniteur universel du 18 mars 1854, n° 77. Communication faite par M. Spring à l’Académie royale de Belgique.