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les bords de la mer et le cours des grands fleuves, lieux où les forêts étaient clairsemées, où les rochers et les montagnes s’abaissaient et livraient passage. Dénués de moyens énergiques pour se frayer des routes à travers des obstacles trop puissants, ou du moins n’en pouvant user qu’avec une grande dépense de temps et de forces individuelles, elles n’appliquaient à l’usage journalier que des haches de silex mal emmanchées d’une branche d’arbre. Pour opérer leur navigation côtière dans l’océan Arctique ou le long des rives fluviales, ou encore dans les contrées coupées de grands marécages, elles usaient de canots formés d’un unique tronc d’arbre abattu et creusé au feu, puis dégrossi tant bien que mal à l’aide de leurs instruments imparfaits. Les tourbières d’Angleterre et d’Écosse recelaient et ont livré à la curiosité moderne quelques-uns de ces véhicules. Plusieurs sont garnis à leurs extrémités de poignées en bois, destinées à faciliter le portage. Il en est un qui ne mesure pas moins de trente-cinq pieds de longueur.

On vient de voir que, lorsqu’il s’agissait de jeter à bas quelques arbres, les Finnois employaient le procédé encore en usage aujourd’hui chez les peuplades sauvages de leur continent natal. Les bûcherons pratiquaient de légères entailles dans un tronc de chêne ou de sapin, au moyen de leurs haches de silex, et suppléaient à l’insuffisance de ces outils par une application patiente de charbons enflammés introduits dans les trous ainsi préparés (1)[1].

À en juger d’après les vestiges aujourd’hui existants, les principaux établissements des hommes jaunes ont été riverains de la mer et des fleuves. Mais cette donnée ne saurait cependant fournir une règle sans exception. On rencontre des traces finniques assez nombreuses et fort importantes dans l’intérieur des terres. M. Mérimée, éclaircissant ce point, a fort judicieusement signalé l’existence de monuments de ce genre dans le centre de la France (2)[2]. On en constate plus loin encore. Les



(1) Wormsaae, ouv. cité, p. 13. Ceci n’est point une hypothèse, mais une observation confirmée par les faits.

(2) Moniteur universel du 14 avril 1853. Il s’agit de la Marche, du pays chartrain, du Vendômois, du Limousin, etc.

  1. (1) Wormsaae, ouv. cité, p. 13. Ceci n’est point une hypothèse, mais une observation confirmée par les faits.
  2. (2) Moniteur universel du 14 avril 1853. Il s’agit de la Marche, du pays chartrain, du Vendômois, du Limousin, etc.