Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 2.djvu/92

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de peaux, des morceaux d’ambre, ou percés ou bruts, des boules d’argile teintes en rouge pour être enfilées et servir de colliers (1)[1], enfin des poteries souvent fort grandes, puisqu’il en est qui servent de bières à des cadavres entiers, aux côtés desquels paraissent avoir été déposés des aliments.

Mais ce qui domine tout le reste, ce sont les productions architectoniques, côté surtout frappant de ces antiquités. Leur trait principal et dominant, celui qui crée leur style particulier, c’est l’absence complète, absolue, de maçonnerie. Dans ce mode de construction, il n’est fait usage que de blocs toujours considérables. Tels sont les menhirs, ou peulvens, appelés en Allemagne Hunensteine (2)[2] ; les obélisques de pierre brute, d’une hauteur plus ou moins grande, enfoncés dans le sol, ordinairement jusqu’au quart de leur élévation totale ; les cromlechs, Hunenbette, cercles ou carrés formés par des séries de blocs posés à côté les uns des autres, et embrassant un espace souvent assez étendu. Ce sont encore des dolmens, lourdes cases, construites de trois ou quatre fragments de rocher accotés à angle droit, recouverts d’une cinquième masse, pavées en cailloux plats et quelquefois précédées d’un corridor de même style. Souvent ces monstrueuses masures sont ouvertes



(1) Wormsaae, ouvr. cité, p. 17 et pass. — Keferstein, t. I, p. 314. — Un beau dolmen, découvert à La Motte-Sainte-Héraye (Loire-Inférieure), en 1840, contenait, entre autres objets, un de ces colliers de terre cuite.

(2) Keferstein, ouvr. cité, t. I, p. 265. Le mot hune ne signifie pas les Huns, comme on le croit généralement ; il vient du celtique hen, ancien, vieux, ou de hun, le dormeur. Il a passé dans le frison avec le sens de mort. Ainsi Hunensteine doit se traduire par pierres des anciens, des dormeurs, ou des morts. Peut-être faut-il appliquer cette observation à plus d’un passage de Sigebert et des chroniques gaëliques, où l’intervention des Huns, en tant que cavaliers d’Attila, est tout à fait absurde. — Dieffenbach, Celtica II, 2e Abth., p. 269. Voir une citation de Fordun où l’Humber s’appelle Hunne, et où le prince mythique Humber est nommé Rex Hynorum. (Loc. cit., p. 267). — On trouve aussi dans Geoffroy de Monmouth, II, 1 : « Applicuit Humber, rex Hunnorum, in Albaniam. » — Les traditions germaniques, en se mêlant aux fables indigènes, n’ont pas hésité à déposer dans le mot hun des souvenirs qui leur étaient très présents, et, par suite, à intercaler le nom d’Attila dans les généalogies irlando-milésiennes.

  1. (1) Wormsaae, ouvr. cité, p. 17 et pass. — Keferstein, t. I, p. 314. — Un beau dolmen, découvert à La Motte-Sainte-Héraye (Loire-Inférieure), en 1840, contenait, entre autres objets, un de ces colliers de terre cuite.
  2. (2) Keferstein, ouvr. cité, t. I, p. 265. Le mot hune ne signifie pas les Huns, comme on le croit généralement ; il vient du celtique hen, ancien, vieux, ou de hun, le dormeur. Il a passé dans le frison avec le sens de mort. Ainsi Hunensteine doit se traduire par pierres des anciens, des dormeurs, ou des morts. Peut-être faut-il appliquer cette observation à plus d’un passage de Sigebert et des chroniques gaëliques, où l’intervention des Huns, en tant que cavaliers d’Attila, est tout à fait absurde. — Dieffenbach, Celtica II, 2e Abth., p. 269. Voir une citation de Fordun où l’Humber s’appelle Hunne, et où le prince mythique Humber est nommé Rex Hynorum. (Loc. cit., p. 267). — On trouve aussi dans Geoffroy de Monmouth, II, 1 : « Applicuit Humber, rex Hunnorum, in Albaniam. » — Les traditions germaniques, en se mêlant aux fables indigènes, n’ont pas hésité à déposer dans le mot hun des souvenirs qui leur étaient très présents, et, par suite, à intercaler le nom d’Attila dans les généalogies irlando-milésiennes.