Aller au contenu

Page:Godard d’Aucour - Thémidore, 1908.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le commissaire se présente avec l’exempt : n’avancez pas, messieurs, leur criai-je : ils virent mes armes et furent très dociles. Mon père entra. Que faites-vous ici, monsieur ? me dit-il d’un ton ferme. Il y a deux jours que vous me désespérez. Il s’avance vers moi, m’ôte les deux pistolets et commande aux archers de faire leur devoir. Les rideaux du lit furent tirés, et l’on aperçut la belle Rozette qui était tombée en défaillance. On la fit revenir avec peine. Son premier regard se tourna vers moi, elle implorait un secours que j’étais hors d’état de lui procurer. Elle demanda tristement ce qu’on voulait faire d’elle, mon père lui répondit avec un air dur que sa destination était marquée sur un ordre qu’on lui fit voir. La douleur l’accabla et un torrent de larmes inonda ses beaux yeux ; ses charmes devinrent plus séduisants et touchèrent toute l’assemblée qui n’était pas venue dans cette idée. Elle se jeta aux pieds de mon père pour lui demander grâce. Je l’imitai, mais cet homme inflexible détourna son visage, et m’ordonna sèchement de le suivre.

Le commissaire s’empara de Rozette, elle m’appela d’une voix entrecoupée, je ne lui répondis que par un soupir. Un fils, quelque résolu qu’il soit, est bien faible vis-à-vis de son père qui est dans son droit et en présence d’une amante malheureuse. L’amour reste dans le silence et l’inaction, et la nature nous fait sentir tout son pouvoir.

Déjà nous étions sur l’escalier, lorsqu’un archer s’avisa de regarder dans le lit de la femme de chambre. Il y découvrit une figure humaine qui s’enfonçait dans la ruelle et se couvrait avec les draps. On tire la couverture et on force le quidam à se montrer ; il le fit. On lui demande