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Page:Godard d’Aucour - Thémidore, 1908.djvu/132

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Notre saint homme avait un faible, et ce faible était un zèle sans bornes lorsqu’il s’agissait de servir quelqu’un qui avait seulement un vernis de jansénisme. Je le tenais par l’endroit critique, et je ne négligeai rien pour venir à bout de mon entreprise. On fait faire aux hommes ce que l’on veut, dès qu’on a trouvé l’art de mettre en mouvement certains ressorts qui conduisent toute leur machine.

M. Le Doux, après avoir réfléchi quelque temps, nous demanda si nous étions certains de ce que nous assurions sur le compte de Rozette. Fûmes-nous assez simples pour ne pas le lui confirmer authentiquement ? Sa charité se trouva assez bien disposée, son cœur s’attendrit, et il nous donna sa parole que, dans peu, il aurait une conférence plus étendue avec nous, dans laquelle il nous communiquerait ses réflexions. Il sortit. Mon équipage le conduisit à" une assemblée de piété et celui du président nous mena droit à l’Opéra ; on y donnait, je crois, l’École des amants. Nous augurâmes bien du succès de notre affaire, puisque M. Le Doux s’en mêlait. Le spectacle n’eut pas grande part à notre attention, nous ne nous y amusâmes qu’à examiner la parure de plusieurs dames dont nous devions cruellement médire le soir.

Dès le lendemain, j’écrivis à Rozette l’idée qui nous était venue de la faire passer pour une fille attachée au parti anticonstitutionnaire. Je lui recommandai d’être prête à jouer ce rôle si on l’exigeait. Que ne doit-on pas exécuter pour se mettre en liberté ? Je lui envoyai même quelques livres à ce sujet, surtout un qui est l’abrégé de l’histoire de tout cet évènement. Le maudit livre couta cher à ma nouvelle néophyte. Il va se rencontrer du comique dans cette aventure. Je lui mandai que j’étais obligé