Page:Godard d’Aucour - Thémidore, 1908.djvu/155

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Enfin le président, outré de ne pouvoir réussir, suivit lui-même son domestique et, l’ayant vu entrer au couvent, fit avertir le commissaire, la supérieure et une compagnie du guet, et découvrit que c’était à Rozette à qui on en voulait. On ne douta plus de rien. La verdure, ayant voulu sortir, aperçut quelque tumulte et qu’on le considérait de près, il soupçonna que la visite faite dans le couvent quelques jour avant et dont il avait entendu parler, pouvait le regarder : il craignit, mais, sans perdre la tête, il imagina que ce tour venait de la part de son maitre, et, en rapprochant diverses circonstances, il en fut convaincu. Il pensa à se sauver et ensuite à s’en venger. En un instant il eut quitté son ajustement de femme et il se trouva en petite camisole blanche et, ayant par hasard un bonnet brodé dans sa poche, il le mit sur sa tête et passa au milieu de la garde et des religieuses comme quelqu’un qui était entré par curiosité, ou comme un jardinier de la maison : s’étant même abouché avec un sergent, il lui dit en confidence que celui qui s’était introduit était un homme de condition et lui avoua sous le secret qu’il se nommait le président de Mondorville, qui était amoureux d’une religieuse. Le sergent le dit au commissaire qui, sur cet avis, trancha toute difficulté, fit ouvrir les portes, se retira en recommandant aux religieuses le secret sur cette affaire, les gens de robe n’aiment point à avoir de discussion les uns avec les autres. Sans ce stratagème, Laverdure restait dans le couvent et il eût pu être découvert. Ce prétendu secret se divulgua, et on fut d’autant mieux persuadé de la vérité de la chose, que l’on avait vu le carrosse du président arrêté dans une rue voisine, précisément pendant cette expédition. Laverdure dissimula avec son maitre qui n’osa lui parler de cette aventure.