pas le président qui repose sur la duchesse. Laurette suivit le conseil ; comme il était bon, elle s’aperçut qu’on ne le lui avait donné que par quelque intérêt. Quelle est la femme qui soit bien aise que sa rivale soit plus brillante, et aide à la rendre telle ? Aussi en nous quittant, retourna-t-elle malicieusement la tète à plusieurs reprises. Les maitres dans un art en savent tous les secrets.
C’est à moi à qui vous avez affaire maintenant, beau conseiller, dit alors Argentine, sans autre préambule ; elle avait déjà fermé la porte, et fait un petit saut de caractère. Je vous aime, le temps est court, le président n’a fait qu’effleurer la matière, il a commencé le combat, il faut que vous vainquiez pour lui. Ce canapé n’a-t-il pas été témoin de votre courage ? Il est poudreux, mais je crains peu la poussière, elle est honorable lorsqu’elle est prise au champ de bataille. Elle dit, elle m’embrasse, je lui rends avec vivacité, elle m’entraine où j’allais assurément très volontiers. Rien n’est tel qu’une femme qui a du tempérament, et qui a été frustrée dans son attente. Ce n’est plus gout, c’est passion ; ce n’est plus transport, c’est fureur ; je ne crois pas qu’il y ait quelque chose dans le monde de plus vif que la possession d’un objet de ce genre. Bref, j’attaquai une place qui s’était offerte à moi ; combattant avec courage, et vainqueur avec gloire, j’étendis mes conquêtes dans un climat dont on m’avait facilité les entrées. Argentine et moi sortîmes de notre état très satisfaits, et, si elle ne fut pas surprise de ma valeur, elle eut lieu de s’en glorifier. Que Rozette vienne présentement, disait-elle, je lui souhaite beaucoup de satisfaction, nous serons amies ensemble, et je vous prie même de lui témoigner combien je l’aime. Jugez, cher marquis, si