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Page:Godard d’Aucour - Thémidore, 1908.djvu/89

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y suppléâmes par de petits verres de liqueur propres à raffermir contre la tentation du repos.

Nous passâmes quelque temps à la fenêtre, et nous y restâmes dans des attitudes de préparation à une nuit amusante.

Rozette feignant un désir ou un besoin de sommeil, s’approcha de sa toilette et de là se retira dans son alcôve. Victime de l’amour, elle était ornée de bandelettes et avait eu soin de se purifier dans une onde parfumée.

Sur un autel simple par sa construction et fait de bois de myrte, s’élevaient plusieurs larges coussins de soie et de coton : un voile de fin lin en couvrait la superficie et un tapis de taffetas couleur de rose piqué en lacs d’amour, et roulé sur une des extrémités, attendait qu’on voulut l’employer à couvrir quelque cérémonie. Une bougie à la main, je m’approchai de ce lieu respectable. Rozette elle-même s’était placée sur l’autel : ses mains étaient jointes sur sa tête mais sans la presser. Ses yeux fermés, sa bouche un peu ouverte comme pour demander quelque offrande. Une rougeur naturelle et fraiche couvrait ses joues, le zéphyr avait caressé tout son extérieur ; une mousseline transparente couvrait la moitié de sa gorge, et l’autre moitié se montrait en négligé aux regards : d’un côté l’examen était permis, et, de l’autre, sous l’air d’être défendu, il devenait plus piquant. Ses bras paraissaient avec tout leur embonpoint et leur blancheur. Ses jambes croisées dérobaient ce que j’aurais voulu envisager, mais fournissaient à l’imagination une belle prairie à s’égarer. Rozette dormait en disposition de se réveiller aisément et en position voluptueuse et de voluptueuse. Je m’arrêtai à contempler mon bonheur. Je m’avançai avec une tendresse respectueuse, et, gardant un