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292 ANG ANG ANG

Piere anglere. (S. BERN., Serm. fr., ms., p. 220, ap. Ste-Pal.)

A Dieu qui est la pierre anglire.

(G. de Coinci, Dont. de la mort, Michel. 23111, 1° 307d.)

Desous une grant piere angler.

(Dolop., 5097, Bibl. elz.)

Il est la pierre anglers qui joint les deus parois de sainte eglise. (Comm. s. les Ps., Richel. 963, p. 277.)

— Qui se retire dans les angles, dans les coins, qui se cache :

Touchers a larron apertient
Dont il par nature retient
Qu’il est angliers, et de çou vint
Que ados en repost se tint.

(Uns moult biaus Dis, Ars. 3527, f° 128c.)

De malfaiteur ainsi avient,
Angliers et murtrieres devient.

(Recl. de Mol., Miserere, Ars. 3142, f° 210e.)

Fois faut, Charitez est angliere ;
Ne sai ou ele fait sejour.

(In., Dit de Charité, Ars. 3142, f° 215°.) Var., engliere.

ANGLIERE, s. f., lieu terminé en angle :

A Gaillart a, sus la costiere,
Devers orient, une angliere,
Ou il siet une haute tour.

(Guiart, Roy. lion., Richel. 5698, p. 77b.)

ANGLON, s. m.,

petit angle :

Si regarda en ong onglon
De la chartre ou el estoit.

(Vie de Ste Marg., ms. Chartres 620, 1° 44d.)

ANGLOS, – eus, - oux, engleux, adj.,

anguleux, qui forme un angle :

Les unes (plaies) roondes, les autres longues, les autres angleuses. (H. de Mondeville, Richel. 2030, f° 73h.)

L’on ne doit faire en nuns legs
Es citez murs droiz mes angleus.

(J. de Priorat, Liv. de Vegece, Richel. 1604, 1° 56b.)

Es angloux lens.

(Id., ib., f° 58b.)

— Fig., en parlant de personne, qui a an caractère anguleux, difficile :

Mesmement que ledit trespassé estoil homme engleux, noiseux et rioteux. (1419, Arch. JJ 171, f° 22 r°.)

Perche, angleux, adj., difficile à ouvrir, en parlant des noix ; au figuré, rageur, querelleur. « Jean Vincent, le plus opiniastre et le plus angleux de ceux du costé de Saint-Marc. » (Reg. de Landelles, 1617.)

ANGLOT, s. m.,

petit angle :

Honteux de son pechié, n’osa dedans entrer ;
En un anglos dehors sus se va enantrer.

(Ger. de Ross., 181, ap. Ste-Pal.)

ANGOINE,

voir Agoine.

ANGOISSABLE, anguissable, anguisable, adj.,

qui est dans l’angoisse, dans l’affliction, qui souffre une vive douleur :

E li cuens Guenes en fut mult anguisables.

(Rol., 301, Müller.)

Naimes li ducs tant par est anguissables.

(Ib., 3444.)

— Qui cause de l’angoisse, du chagrin, douloureux, difficile, périlleux :


Passent cez puis e cez roches plus haltes,
Ces valz parfunz, ces destreiz anguissables.

(Rol., 3125, Müller.)

Mais me fust sa mort angoissable.

(Fabl. d’Ov., Ars. 5069, f° 186°.)

ANGOISSANT, anguisant, adj.,

dur, cruel, en parlant de chose :

Les tres angoissantes peines d’enfer. (1306, Ord., I, 440.)

Las ! mon mal m’est plus angoissant.

(Un Mir. de N.-D., De l’empererie de Romme, Th. fr. au m. d., p. 410.)

— En parlant de personne, fâcheux, dur :

Li varles est moult anguisous ;
Et anguisans est li espous,
Et moll anguisans est l’esponse.

(Gautier d’Arras, L’empereour Eracles, 4855, Massmann.)

1. ANGOISSE, anguoisse, anguisse, angousse, angousce, angouche, engousse, angusse, s. f.,

lieu resserré, défilé :

Li fiz estrauge se sunt partid e en lur anguisses serrunt estreciez. (Rois, p. 209, Ler. de Lincy.) Lat. : Contrahentur in angustiis suis.

— Action de serrer, de presser, étreinte, qualité de ce qui serre trop, de ce qui est trop étroit :

De l’ engosse des nefs angoisse mer forment.

(Destr. de Rome, 387, Krœber.) Ms., engusse.

Sur qui sone estresee o angoisse seneste ceus qui, nule fois ne lievent leur cuer a l’ampleté del ciel, mes en l’ angoisse et en l’estresceté de la terre metent leur entente. (Comm. s. les Ps., Richel. 963, p. 229a.)

Et li prestes ert sus la dame,
Qu’il la tenait en tel engoisse...

(Fabl., ms. Berne 354, f° 158a.)

Tousjours pechent les Françoys en la strictute, angoisse ou lacheté aussi en la briefveté ou longueur des vestemens. (Mer des chron., f° 108 r° éd. 1532.)

Ils furent surprins et enclos dedans l’angoisse et strictitude des chemins. (Ib., f° 50 v°.)

— Oppression, exaction :

Hé Diex ! mout seront ore cii vil matin foulé,
Qui ont por lor angoisse le monde triboulé.

(Le Conteuz dou monde, Richel. 1593, f° 142d.)

— Rigueur, violence, colère, dépit, rage :

Cil feri lui par tel engousce,
Qu’il abat lui et son ceval.

(L’Atre per., Richel. 2168, f° 2d.)

D’ire et d’ engousce fu plains.

(Du Secretain, Richel. 2168, f° 89e.)

Lors fiert de grant engouse plainne.

(Rose, Vat. Chr. 1858, f° 75b.)

L’ anguisse du froit de l’hyver s’esvanuy. (J. Vauquelin, Trad. de la Chron. de de Dynter, iv, 61, Xav. de Ram.)

— Entreprise épineuse :

Asses a mal, peine et contraire De l’ angousse qu’il a emprise.

(Amadas et Ydoine, Richel. 375, f° 315g.)

— Employé à peu près comme le mot peste, pour désigner un homme tourmentant, insupportable :

Avez oi de chel angouche ?
Fineroit il ore jamais ?

(J. Bodel, Li jus de saint Nicholai, Th fr. au m. â., p. 194.)



2. ANGOISSE, adj., f., angoisseuse, dans l’angoisse :

S’en est angoisse et destroite
Quar de cel qu’ele covoite
Ne set a cui conseiller.

(Cliget, Richel. 1420, f° 42c.)

ANGOISSEEMENT, ement,- ornent, angoisement, adv., avec angoisse, d’une manière extrèmement pénible, durement, violemment :

Andui se fierent moult angoisement.

(Aleschans, 1425, ap. Jonck., Guill. d’Or.)

Si chlet a terre si engoisement
Que, tost perdi la vie.

(Aym. de Narb., Richel. 24369, f° 73ro.)

Angoissoment fu penez.

(De N.–D., Richel. 19525, f° 91ro.)

ANGOISSEMENT, s. m., tourment, souffrance :

E pur quant si sent doel e grant angoissement.

(Horn,, 3406, Michel.)

La quinte branche d’orgueil et vaine gloire c’est foie plesanterie, vaine loenge quant on sent en son cuer un angoissement de ce qu’il est ou cuide estre loez d’aucune chose qu’il a en li ou cuide avoir. (Laurent, Traité des .x. comm., ms. Chartres 371, f° 6 r°.)

Maintenant non merveille si je dicte que je soye joyeux et qu’ angoissement ne sont a demener quant la nouvelle regnation parmet tant de tranquillité et de paix. (G. Chastell., Chron. des D. de Bourg., Ire p., Proesme, Buchon.)

ANGOISSERIE, anguserie, s. f., tourment, angoisse :

Or i est grant l’ anguserie.

(Tristan, II, 1718, Michel.)

— Acharnement de cruauté :

Li une requiert l’autre par grant angoisserie,
La tigre fu moult fort, parcreue et fournie,
Moult court tient le lion et destraint et curie.

(Doon de Maience, 1584, A. P.)

ANGOISSEURE, eng., s. f., tourment, angoisse :

Jesuscrist ne prisa pas tant sa vie ne son corps qu’il ne l’abandonnast a honte et a vilté et a engoisseure. (J. Morriet, Mir. de l’ame, ms. Ste-Gen., f° 66 re.)

ANGOISSEUSETÉ, anguoiceuseté, s. f., angoisse, tourment :

Mout de anguoiceusetes et mout de tristesses aviennent aux ames. (Oresme, Qua. drip., Richel. 1348, f° 218 v°.)

Angoisseuseté, much anguish, choaking sorrowfulness. (Cotgr.)

ANGOISSIER, engoissier, angoitier, anguissier, enguisser, anguysser, angousser, angouscier, angoscier, angouser, angoucer, engoucer, agoucier, agocier, verbe.

— Act., tourmenter, presser douloureusement, presser, harceler, talonner :

Oliviers sent que la mort mult l’anguisset.

(Rol., 2010, Müller.)

Paien s’en fuient, e Franceis les anguissent.

(Ib., 3634.)

Et li assauz les anguissoit.

(Brut, ms. Munich, 668, Vollm.)