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526 SOU SOU SOU

pour ce qu’il est fait pour soy défendre des rentes ou des services que les seigneurs des fiefz demandent n tort a leurs tenans. De laquelle deffense de ce bref peuvent user tous ceulx qui tiennent terres de quoy les seigneurs leur demandent service que ilz ne luy doivent pas, car plusieurs services sont fais aux seigneurs ou par amour, ou par paour qui ne doivent pas estre demandez par héritage. Et pour ce establit le duc de Normendie que en telz cas peut estre fait bref de sourdemande. (Ib., f 2-20 v°.)

SOURDEMANDER, sor., v. a., faire une demande exagérée :

Ja n’i trovera fonz ne rive
En mei qui tel trieve demande,
Quer trop sorquiert e sordemande.
(Guill. le Maréchal, 11558, P. Meyer.)

Supeto, sourdemander. ’Gloss. lat.-fr., Richel. 1. 7679, f 252 v°.)

Flandre, surdemander, surfaire, demander trop.

SOURDEMANT. sor., s. m., comme sordemande, nouvelle demande, nouveau recours en justice :

Un brief de sordemant que ladite fame avoit portei contre les diz religious. (Mardi apr. Nativ. 1296, Ass. de Valognes, S. Sauv., Cats, Arch. Manche.)

SOURDEMENT, s. m., action de sourdre :

Tonnerre et fouldres et sourdemens de eaue comme ung déluge. (Miroir hystorial, XIV, 40, éd. 1531.)

SOURDENT, s. m., révolte, soulèvement :

Car li Anglez envis tiennent leur couvent,
En ce qu’il commencent a tous dis .i. sourdent.

(Cov., B. du Guesel, var. du T. 1730, Charriera.)

SOURDEOR, voir Sordoior.

1. SOURDER, v. a., assourdir :

Et par leur haut parler nos vont souvent sourder.

(Gillon le Muisit, Poés., II, 213, 2, Kerv.)

Taist toy, gengleir, tu sourde tout le monde de tes bourdes. (J. d’Outrem., Myreur des histors, III, 85, Chron. belg.)

Se dit encore en Wallon.

2. SOURDER, v. n., sourdre :

Gurgito, sourder, dégoûter. (Catholicon, ms. Lille 369, Scheler.)

Se dit encore en Wallon.

SOURDESSE, -esce, surdesse, s. f., surdité :

Las ! dure chose est viellesse.
Plaine de toute destresse,
A un chascun desplaisant ;
Pou voit, plainne est de sourdesse.
(E. Deschamps, Œuv., II, 265, A. T.)

Il guéri de sourdesce. (Légende dorée, Maz. 1729, f° 190".)

Surdesse de nativité ne se peut amender. (B. de Gord., Pratiq., III, 8, éd. 1495.)


Pour ce que tu m’as fait le refus de ta chambre, et que ta sourdesse ne m’a voulu entendre en temps convenable. (G. Chastell., Citron., V, 142, Kerv.)

Surdesse ou sourdité. (La Porte, Epith., éd. 1571.)

Tu dis qu’une sourdesse a mon oreille close ;
Tu te mocques de moy et me viens blasonner
Pour un pauvre accident que Dieu me veut donner.

(Rons., Response a quelque ministre, p. 903, éd. 1584.)

SOURDIR. v. n., sourdre :

Au mont Quirinal l’on vid sang sourdir et bouillonner hors de terre. (De La Bouthiere, des Prodiges, p. 77, éd. 1555.)

I. SOURDIRE, sur., sor., v. a., dire du mal, médire de, calomnier :

Se devant lui sui alegie
Qui me voudroit après sordire.

Tristan, I, 3215, Michel.)

Sire, ne sai, se Deus m’ait.
Ne sai s’om m’« sourdit de rien.

(Gautier d’Arras, Eracle, 682, Loseth.)

Moul Vont sourdit trestout le soir,
Mais al valet n’estuet chaloir.

(Id., ib., 1001.)

Mes je te consoil que iu faces
La demeisele clamer quite.
Que tu as a grant tort sordlte.

(Chrest., Cheval, ou lyon, 4424, Holland.)

Si femme as u amie
E l’ume la surdie
De aucun ton ami.

(Eveh. de Kirkbam, Dist. de Catun, str. 185°, Stengel, Ausg. und Abhandl., XLVII.) Var., E uncud la sordie.

Mais ja preudom n’en sordira
Ne ja rien n’en contredira,
Car il n’i a que contredire.

(Renclus de Moiliers, Dit de Charité, ms. Turin I. V. 32, f° 119.)

Le ray William...

Tut drayta incestre son parlement purvist,
Et de ses enomys pryvement enquyst.
Le count de Northfolk del maie est surdist:
Ceo fu le quoens Roger, en prisoun la remyst.

(P. de Langtoft, Chron., dans Michel, Chron. anglo-norm., I, 142.)

Sire, ce a dit Naimes, Maugis aves sordit.

(Ben. de Montaub., p. 305, v. 26, Michelant.)

Molt sui sordiz de plusors bestes :
A tele ai porté grant onor
Qui puis m’a fet grant desonor.

[Ren., Br. VI, 496, Martin.)

Par vérité puet en bien dire
Qu’en sordit tele par envie
Qui n’a corage de folie.

[Lai de l’épervier, 54, G. Paria, Hùinania, VII, 4.)

Ne le pot on a che atraire
Qu’il se vausist de che relraire
Dont li pules le sourdisoit
Qui son afairc mesprisoit.

[Mir. de S. Eloi. 104, Peigné.)

Largece, qui qui la sordie.
Ne voroitpas tant irespasser.

(Raoul de Houdenc, Rom. des Etes, 236, ep. Scheler, Trouv. belg., 2e sér., p. 256.)

Que cil qui preudome sordist
A tort.

(Dit des philos., Ars. 3142, f° 160f.)

Car s’aucuns bons prie d’amer dame u damoisele et il n’en poet venir a chief, il


veut bien c’on l’en sourdie et mescroie, et k’il en soit nomes pour cou ke ele en soit avillie et blasmee. (Jeh. de Tuym, Hist. de J. Ces., Ars. 3355, f° 243".)

Or me dist on ersoir que vous me sourdis{i)es,
Et que ribaut chelif et truant m’apeles.
Né d’estrange pais et que je sui trouves.

{Donn de Maience, 6175, A. P.)

Sourdit, part, passé, mal famé, débauché :

Une femme appellee Marion de Saint Just, qui estoit femme surdite et amye d’un des moines de la dicte église de Chezi. (1376, Arch. JJ 110, pièce 46.)

Par dons, par promesses, ons faisoit d’une proidefemme, une femme sourditte et d’une femme sourditte, une proidefeme. (1424, dans Louvrex, Ed. et réglem. pour le pays de Liège, I, 47, éd. 1750.)

Femmes sordilles, et diffamées. (1460, Reg. au.r amendes et banniss., f° 55, Arch. mun. Dinant.)

2. SOURDIRE, voir Souduire.

SOURDIS, s. m., source :

Scatebra, sourdis d’yaue. (Gloss. lat.-fr., ap. Labbe, Etym. de qq. mots fr., p. 524.)

Et qui pis est, au lac vont les pourceauls.
Qui l’ont gasté et tout par leur fouillis :
Et pluseurs gens l'espuisent a vaisseauls,
L’eaue s’enfuit ; ailleurs va le sourdis ;
La chaucee est deslruicie et le hourdis.

(E. Deschamps, Poés., Richel. 840, f° 292°.)

De la mer elle (l’eaue) s’espand es fleuves et parmi les sourdis de la terre. (Livre de Clergie, ch. xi, Richel.)

Sourdis, scaturigo. (Vocab. brevidicus.)

Saint., Aunis, Yonne, sourdis, petite source, infiltration.

SOURDIT, sur., seur., sor., s. m., calomnie, méchanceté :

Por lea seurdiz se combatroienl.

{Tristan. I, 3227, Michel.)

Por les sordiz as vilains
Qui de moi ont mesparlé.

(Chans., Richel. 20050, f" 2S r».)

Li quiens Wallef et li quiens Roger
Le roi voloient exiller ;
Puis en perdit W’alief la teste
Pur cel surdit, et a Wincestre
Lung temps après fut dcfoui.

(Geoffroi Gaimar, Chron., ap. .Michel, Chron. angl. norm., I, 28.)

Mesdit. surdit, maugreerie.

(J. Bruyant. Chem. de Pocreté, à la suite du Ménagier de Paris, II, 13, Biljlioph. fr.)

1. SOURDOIS, sor., adv., en sourdine, à demi-voix :

Ce tôt
Que je t’ai ci conté debot
Encor dit il assez sordois.

(Florimont, Ricbel. 1376, f 10=.)

Se seusses la vérité,
Toute ma honte tost fust seue,
Quar m’en estoie aperceue.
Quant je vous en enquis sordois
"Tout ce que dis par mon gabois.

{Du Chev, qui fist sa famé confesse, 266, Montaiglon, Fabl., 1, 1S7.)