Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/111

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— Ma foi, capitaine, je ne sais trop que vous dire. J’ai violé tant d’autres lois, que je ne vois pas pourquoi j’aurais tant de respect pour un vieux proverbe. Nous, qui prétendons n’avoir d’autres juges que nous-mêmes, ce n’est pas un méchant dicton qui doit nous faire peur. Et puis, au bout du compte, c’est une bonne œuvre, et je ne me ferais pas plus de scrupule de faire prendre un voleur comme celui-là que d’avaler un verre de vin.

— Un voleur ! et vous parlez de voleurs !…

— Un moment, s’il vous plaît. N’allons pas si vite. À Dieu ne plaise que je dise rien contre la profession en général. Mais un homme vole d’une façon, un autre d’une autre. Pour moi, je vais sur le grand chemin ; et ce que je prends à un étranger que j’y rencontre, il y a cent contre un à parier qu’il peut aisément s’en passer. Je ne vois pas qu’il y ait le plus petit mal à cela. Mais j’ai, pardieu, de la conscience tout comme un autre. Parce que je me moque des assises, des grandes perruques, des gens de loi et de la potence ; parce que je ne recule pas devant une action innocente, quand les avocats disent qu’elle ne l’est pas, s’ensuit-il de tout cela que je doive avoir des entrailles de frère pour un tas de friponneaux et de coquins domestiques, pour de la canaille qui n’a ni justice ni principes ? Oh ! que non : je respecte trop la profession pour n’être pas l’ennemi de tous ces voleurs de contrebande ; et je les déteste encore plus, parce que le monde s’avise de leur donner mon nom.

— Vous avez tort, Larkins. En supposant votre