Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/17

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me donnez ; mais je sais ce que je fais. J’affirme ce que j’ai avancé, non-seulement parce qu’il est de toute vérité, mais parce qu’il est inséparablement lié à ma défense. Je suis accusé, et l’on me dira que je ne puis espérer d’être cru sur une simple déclaration de mon innocence ; je n’ai pas d’autres témoins à produire, j’en appelle donc à M. Falkland ; c’est son témoignage que j’invoque ; je lui demande :

« Ne vous êtes-vous pas vanté à moi en particulier que vous aviez le pouvoir de me perdre ? Ne m’avez-vous pas dit que dans ce cas j’aurais beau préparer une histoire, quelque plausible, quelque vraie même qu’elle pût être, vous sauriez bien faire en sorte que le monde entier m’eût en exécration comme un imposteur ? Ne sont-ce pas là vos propres termes ? N’avez-vous pas ajouté que mon innocence ne me servirait à rien, et que vous vous ririez d’une si faible défense ? Je vous le demande : le matin même du jour de mon départ, n’avez-vous pas reçu de moi une lettre dans laquelle je vous demandais votre consentement pour m’en aller ? Aurais-je fait cette démarche si ma fuite eût été celle d’un voleur ? Je défie qui que ce soit de concilier les expressions de ma lettre avec une telle accusation ? Aurais-je commencé par vous déclarer que j’avais formé le projet de quitter votre service, si les motifs de ce projet eussent été tels que vous les supposez maintenant ? Aurais-je osé vous demander pourquoi vous vouliez m’assujettir à une punition éternelle ? »

En disant ceci, je tirai de ma poche une copie de ma lettre, et la posai sur la table.