Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/189

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citer en lui-même d’être arrivé au terme de ses recherches.

La maison où Mrs. Marney était entrée n’était cependant pas celle où elle demeurait. Par un hasard qui tient du prodige, elle avait observé que Gines la suivait dans la rue. En revenant chez elle, elle avait vu une femme qui se trouvait mal ; mue par la compassion qui lui était si naturelle, elle s’était approchée de la malade pour lui prêter du secours. Aussitôt la foule les avait entourées. Mrs. Marney, après avoir fait tout ce qu’elle pouvait dans la circonstance, avait cherché à reprendre le chemin de son logis. Voyant la foule autour d’elle, elle avait songé aux filous, et avait mis ses deux mains sur ses poches, en promenant en même temps ses regards sur ceux qui l’environnaient. Elle avait quitté brusquement ce cercle de populace ; et Gines, qui, de peur de la perdre dans la foule, avait été obligé de l’approcher davantage, était en ce moment précisément vis-à-vis d’elle. Il avait une figure singulièrement remarquable. Toute l’astuce de la méchanceté et l’intrépidité de l’impudence étaient écrites sur chaque trait de son visage ; et, sans être philosophe ni physionomiste, Mrs. Marney en avait été frappée. Cette bonne dame, comme la plupart des personnes vives et agissantes, avait une manière particulière de gagner sa maison ; au lieu de suivre les rues, elle enfilait une quantité de petites ruelles et de passages compliqués, qui tournaient quelquefois brusquement de l’un dans l’autre. Dans un de ces détours, elle avait rencontré par hasard l’œil