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lieu avec les mêmes précautions que j’avais déjà prises en pareils cas.


XXXVI


Je me procurai un nouveau logement. Par je ne sais quelle fantaisie de l’imagination qui aime à se créer des sujets d’alarmes, je me sentis porté à croire en définitif que la frayeur qu’avait eue Mrs. Marney n’était pas sans fondement. Toutefois, j’étais hors d’état de faire la moindre conjecture sur la manière dont ce nouveau péril avait pu m’approcher, et dès lors je ne pouvais recourir qu’à un remède bien peu consolant, celui de me tenir sur mes gardes avec plus de soin que jamais dans mes moindres actions. Une double inquiétude pesait à la fois sur mon esprit, celle de ma sûreté et celle de ma subsistance. Il me restait bien encore quelque chose du produit de mon industrie ; mais ce n’était presque rien, parce que mon correspondant était en arrière avec moi, et je n’avais pas de moyens de lui faire demander mon payement. Malgré tous mes efforts, mon anxiété altéra ma santé. Je n’avais pas un seul instant où je pusse me croire à l’abri du péril ; j’étais devenu comme un spectre ; le moindre son inattendu me faisait tressaillir. Il y avait des moments où