Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/196

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leur toutes les fois qu’il fallait nous séparer, et il me prodiguait à tout moment les témoignages de la plus tendre affection. Je trouvai en lui beaucoup d’habileté et d’invention dans son métier, et ses leçons étaient pour moi un vrai plaisir. De mon côté, comme je possédais une plus grande variété de connaissances dont je cherchais à tirer parti, il ne tarissait pas sur la satisfaction et l’étonnement qu’il éprouvait à découvrir en moi autant de ressources, soit pour le travail, soit pour mon simple amusement.

Il n’y avait pas longtemps que j’étais dans ce nouveau poste, lorsqu’un événement me jeta dans des alarmes plus vives et plus sérieuses que jamais. J’étais un soir à me promener dans la rue pour prendre un moment l’air et un peu d’exercice, ce que je ne me permettais alors que très-rarement ; tout à coup j’eus l’oreille frappée de deux ou trois sons au hasard, qui partaient de la bouche d’un colporteur criant sa marchandise. Je m’arrêtai pour mieux entendre. Quelle fut ma confusion quand j’ouïs à peu près ces propres paroles :

« Voici l’histoire merveilleuse et surprenante et les aventures sans pareilles du fameux Caleb Williams ! Vous y voyez comme il a d’abord volé son maître et ensuite porté une fausse accusation contre lui ; vous y voyez les efforts qu’il a faits diverses fois pour briser sa prison, jusqu’à son évasion finale qu’il a effectuée de la manière la plus merveilleuse et la plus incroyable ; comme aussi, ses voyages dans les différentes parties du royaume,