Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/21

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de la conviction de son innocence ne puisse pas faire apercevoir aux autres que ce sentiment est dans son cœur. Est-ce que vous n’entendez pas toutes les puissances de mon âme qui me crient que je ne suis pas coupable !

» Vous, M. Falkland, je n’ai rien à vous dire. Je vous connais et sais jusqu’à quel point vous êtes impénétrable. Dans ce moment même où vous me chargez d’imputations aussi odieuses, vous admirez ma résolution et ma grandeur d’âme. Mais je n’ai rien à espérer de vous. Vous pouvez contempler d’un œil inaccessible aux remords ou à la pitié la ruine de votre victime. La plus grande de mes infortunes, c’est d’avoir à combattre un adversaire tel que vous. Vous me forcez à dire de vous des choses pénibles à entendre ; mais j’en appelle à votre cœur si j’ai mis dans mes paroles de l’exagération ou de l’animosité. »

Tout ce qu’il était possible d’alléguer de part et d’autres étant dit, M. Forester commença ses observations sur toute l’affaire.

« Williams, dit-il, il y a une masse énorme de charges contre vous ; les preuves directes sont fortes, les circonstances, qui viennent à l’appui sont nombreuses et frappantes. Je conviens que vous avez mis dans vos réponses une adresse extrême ; mais, jeune homme, vous apprendrez à vos dépens que l’adresse, quelle qu’elle puisse être, ne saurait tenir contre la force insurmontable de la vérité. Il est heureux pour les hommes que l’empire du talent ait ses bornes, et qu’il ne soit pas au pouvoir de l’es-