Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/215

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donner au vent le bon ou le mauvais succès de sa tentative. Cette déplorable condition, faite pour réveiller un mouvement de sympathie dans le cœur le plus endurci, était pourtant celle où m’avait réduit M. Falkland.

Je savais d’avance l’issue de mon procès. J’étais résolu à m’échapper encore une fois de ma prison, et je ne doutais guère de venir au moins à bout de ce premier effort de conservation. Cependant le moment des assises approchait, et certaines considérations, qu’il serait superflu de détailler, me portaient à croire que j’aurais plus d’avantage à attendre, avant de commencer aucune tentative, que mon procès fût terminé. Il était inscrit sur la liste comme un des derniers à juger. Je fus donc extrêmement surpris d’apprendre qu’il était appelé, hors de son rang de liste, pour l’un des premiers de la matinée du second jour. Mais, si c’était là un événement inattendu, combien ma surprise fut-elle plus grande encore, au moment où on appela ma partie adverse, de ne voir paraître ni M. Falkland, ni M. Forester, ni aucun individu quelconque pour se présenter contre moi. Dès lors on ordonna la confiscation des sommes consignées par mes accusateurs, et je fus renvoyé de la barre en pleine liberté.

Cet incroyable changement de fortune produisit sur mon esprit un effet impossible à décrire. Moi qui étais venu à cette barre avec le fatal arrêt de mort sonnant d’avance à mon oreille, m’entendre dire que j’étais libre de me transporter partout où