Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/53

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senté à lui. Dans le premier, mes facultés avaient été accablées ; dans l’autre, elles avaient été exaltées au dernier point ; mais dans l’une et l’autre de ces situations je regardais comme irrévocable la nécessité de me soumettre passivement au bon plaisir de mes persécuteurs.

Pendant le temps que j’avais passé dans cet état d’indécision, et après un peu plus d’un mois de captivité, arrivèrent les assises, qui se tenaient deux fois l’année dans la ville où j’étais prisonnier. Cette fois, mon affaire ne leur fut point présentée, et se trouva dès lors remise à six mois. J’aurais eu, pour espérer d’être acquitté, d’aussi fortes raisons que j’en avais pour attendre une condamnation, que la chose eût toujours été la même. Quand j’aurais été détenu pour la cause la plus frivole pour laquelle jamais juge de paix ait décrété un mendiant vagabond, il n’en aurait pas moins fallu que j’attendisse environ cent soixante-dix jours avant que mon innocence fût légalement reconnue, tant il y a encore d’imperfection dans les lois de ce pays si vanté, où les législateurs restent assemblés de quatre à six mois par année ! Je n’ai jamais pu savoir au juste si ce délai fut l’effet de quelque démarche faite par mon persécuteur, ou s’il fut tout naturellement une suite des formes de l’administration de la justice, trop graves, trop solennelles pour se plier aux droits ou aux besoins d’un obscur individu.

Mais ce ne fut pas là le seul événement survenu pendant ma détention, dont je ne pourrais pas donner de solution satisfaisante. À peu près à la