Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Avez-vous sur-le-champ examiné s’il ne vous manquait rien ?

— Non, j’étais accoutumé à me fier à son honnêteté, et cette fois je fus obligé, au moment même, d’aller donner mes soins à l’incendie qui faisait toujours du progrès ; je ne fis donc que tirer la clef de la porte de la chambre, après l’avoir fermée, et, quand je l’eus mise dans ma poche, je courus en hâte où ma présence était indispensable.

— Combien s’est-il passé de temps avant que vous vous soyez aperçu du vol de vos effets ?

— Je m’en aperçus le soir même ; le désordre et le danger du moment avaient banni entièrement de mon esprit cette circonstance, jusqu’à ce que, en allant par hasard près de cette même chambre, tout ce qui s’était passé avec Williams, ainsi que sa conduite singulière et équivoque dans cette conjoncture, me revinrent tout d’un coup à la mémoire. Aussitôt j’entrai, j’examinai le coffre où ces effets étaient renfermés, et, à mon grand étonnement, je trouvai la serrure brisée et les effets enlevés.

— Quelle démarche fîtes-vous d’après cette découverte ?

— J’envoyai chercher Williams, et je lui parlai fort sérieusement sur cet objet ; mais il avait eu le temps de se remettre parfaitement de son trouble, et il me nia, avec beaucoup de sang-froid, avoir la moindre connaissance de ce dont je lui parlais. Je lui remontrai toute l’énormité d’une pareille action ; mais tout ce que je pus lui dire ne lui fit pas la plus légère impression. Je n’aperçus en lui ni la surprise