Page:Godwin - Caleb Williams, II (trad. Pichot).djvu/90

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tations qui se trouvaient sur ma route, dans la crainte d’être vu par les personnes du dedans, et de laisser après moi des traces à ceux qui étaient à ma poursuite. À mesure que j’avançai, je crus pouvoir me relâcher un peu de mes précautions. Dans ce moment, j’aperçus plusieurs individus qui, sortis d’un endroit un peu plus fourré du bois, venaient droit à moi. Je ne vis rien que de favorable dans cette rencontre. J’étais dans la nécessité d’éviter l’entrée des villes et des hameaux du voisinage ; mais en même temps je ne pouvais plus longtemps me passer de quelque nourriture, et il était assez vraisemblable que je trouverais à cet égard un peu d’assistance auprès de ces gens-ci. Dans ma situation présente, leur profession était une considération fort indifférente. Je n’avais guère à craindre de la part des voleurs, et des voleurs même, à ce que je pensais, ne pouvaient manquer d’être, tout aussi bien que d’honnêtes gens, touchés de compassion pour mon état. Ainsi, bien loin de les éviter, j’allai droit à eux.

C’étaient des voleurs. Un de la bande s’écria : Qui va là ? arrêtez. Je les abordai. « Messieurs, leur dis-je, je suis un pauvre voyageur, presque… » Pendant que je parlais, ils m’entourèrent ; et celui qui avait crié le premier Qui va là ? se mit à dire : « Que diable viens-tu nous chanter avec ton pauvre voyageur ? Il y a dix ans que nous n’entendons que cela. Allons, allons, commence par retourner tes poches, afin que nous sachions si la prise est bonne.

— Monsieur, répliquai-je, je ne possède pas un