Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/128

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sont plus à craindre. Sans doute un pareil raisonnement paraîtra en général assez bien fondé, et M. Falkland le trouva parfaitement applicable à la circonstance ; mais il se trompait.


IX


M. Falkland savait par expérience que toute remontrance serait inutile auprès de M. Tyrrel. Il résolut donc de ne s’occuper que de la victime, qu’il fallait sauver des mains de son persécuteur. D’ailleurs, telle était son indignation, qu’il ne pouvait s’arrêter un moment à l’idée d’une entrevue volontaire. En effet, une autre affaire qui avait depuis peu mis en contact les deux ennemis, ne contribuait que trop à irriter jusqu’à la démence les ressentiments amers de M. Tyrrel.

M. Tyrrel avait un fermier qui se nommait Hawkins. — Je ne saurais prononcer ce nom sans qu’il retrace à ma pensée les scènes douloureuses qui sont attachées à son souvenir ! Dans le principe, M. Tyrrel avait pris avec lui cet Hawkins, dans la vue de le protéger contre les procédés arbitraires d’un squire voisin ; mais Hawkins était devenu depuis l’objet de la persécution de M. Tyrrel lui-même. Voici quelle avait été la première origine de leurs relations. Outre la ferme qu’il tenait du squire dont je viens de parler, Hawkins avait encore un