Page:Godwin - Caleb Williams, I (trad. Pichot).djvu/133

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et, à peu près à la même époque, il obtint un bail de la ferme qu’il occupait.

M. Tyrrel était résolu d’avancer la famille de ce fermier favorisé toutes les fois qu’il en trouverait l’occasion. Hawkins avait un fils, garçon de dix-sept ans, d’une figure fort agréable, vif, alerte et plein d’heureuses dispositions. Ce jeune homme était extrêmement aimé de son père, qui semblait n’avoir rien tant à cœur que l’avancement et le bonheur de son fils. M. Tyrrel l’avait déjà distingué deux ou trois fois, et en avait paru très-content ; le jeune garçon, qui avait quelquefois suivi les chiens, à la chasse, avait eu souvent l’occasion de faire montre de son adresse et de son agilité en présence du squire. Un jour surtout, il se fit remarquer plus particulièrement, et M. Tyrrel, sans plus attendre, offrit au père de prendre ce jeune homme à son service et de lui donner la place de piqueur de sa meute jusqu’à ce qu’il pût l’élever à un poste plus lucratif dans sa maison.

Hawkins parut très-mortifié de cette proposition ; il hésita et chercha des excuses pour ne pas accepter l’offre. Il dit que ce jeune homme lui était utile à beaucoup de choses, et qu’il espérait que Son Honneur voudrait bien ne pas insister et ne pas le priver de cet aide. Avec tout autre homme que M. Tyrrel, ces raisons eussent pu suffire ; mais j’ai déjà eu souvent occasion de dire au sujet de ce gentilhomme que, quand il avait une fois pris une résolution, quelle qu’elle fût, on ne le voyait jamais céder pour rien au monde, et que le seul effet de l’opposition